VERVE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. 1176 « mot, proverbe » (
Chrétien de Troyes,
Cligès, éd. A. Micha, 4524);
2. 1225-30 « bavardage, discours »
conter sa verve (
Guillaume de Lorris,
Rose, éd. F. Lecoy, 2394);
3. 1266 « idée, chose à dire »
ne veoir nule autre verve (
Rutebeuf,
Complainte d'outremer, 50 ds
Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 1, p. 445);
4. 1450-65 « folie, délire, caprice » (
Maistre Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 797: Estes vous desvoyé? Recommancez vous votre
verve?); av. 1549 (M.
de Navarre,
Comédie à dix personnages, 501 ds
Théâtre profane, éd. V.-L. Saulnier, p. 115; v. aussi au gloss.);
5. a) 1608 « chaleur de l'imagination; inspiration créatrice dans le domaine de la composition » (M.
Régnier,
Satires, 1, 96, éd. G. Raibaud, p. 12: Laisser aller la plume où la
verve l'emporte);
b) 1791
la verve du patriotisme (
Mirabeau,
Coll., t. 4, p. 97 ds
Littré);
6. 1846 « qualité brillante, brio de la parole »
intarissable verve (
Proudhon,
loc. cit.). Prob. issu d'un lat. tardif
verva, autre forme de
verba, plur. pris comme fém. sing. de
verbum « mot, parole »; dans la lang. chrét. « parole de Dieu, prédication » et p. ext. « inspiration » (
Ps., LXVII, 12:
Dominus dabit verbum evangelizantibus),
Blaise Lat. chrét. et
FEW t. 14, p. 278b et p. 279a, note 5.