VERGNE, VERNE, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. 1174-87
huis [
...]
de verne (
Chrétien de Troyes,
Perceval, éd. F. Lecoy, 4872); fin
xiies. [ms.] (Add. au ms. Cambridge Jesus College, éd. P. Meyer ds
Romania t. 38, p. 522: le fust del
verne);
2. 1542
un jadeau de vergne (
Rabelais,
Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech, V.- L. Saulnier, XXXVII, 52, var. E, p. 223 [
jadeau, terme des dial. de l'ouest,
FEW t. 4, p. 13 a]). Tandis qu'au nord d'une ligne allant de l'embouchure de la Loire aux Vosges, l'aune est désigné par le mot
aune, au sud de cette ligne, il est rendu dans les dial. mod. par les représentants du gaul.
verno- (carte ds
Arch. St. n. Spr. t. 121, p. 240);
cf. les traces des représentants du lat.
alnus (étymon proposé par Meyer-Lübke et Gamillscheg,
cf. REW3n
o376 et
EWFS2, admis par L.
Remacle ds
R. Ling. rom. t. 36, pp. 305-310 [v. aussi M.
Pfister,
ibid., t. 37, pp. 141-145 et
Id.,
Einf. in die roman. Etymol., Darmstadt, 1980, pp. 69-71] après avoir été écarté par J.
Jud ds
Arch. St. n. Spr. t. 121, pp. 76-96 au protif du frq.
*alira, cf. FEW t. 15, 1, pp. 14-16) dans le lex. et les topon., au sud de la ligne indiquée (M.
Pfister ds
R. Ling. rom. t. 37, p. 142) et les topon. issus de
verno- dans l'aire de
aune (J.
Jud,
op. cit., pp. 80-84).
Verne [
supra 1] (dont l'aire dial. mod. s'étend dans la partie est du domaine
verno- [
cf. prov.
verno, subst. fém. ds
Mistral], ainsi que dans le
Piémont et une partie de la Lombardie) est issu du rad. gaul.
vern- à travers le b. lat. des gl.
verna, subst. fém. (
CGL t. 3, 596, 35:
verna est alnus; t. 4, 14, 43:
alnum lignum est verna); de la forme masc. corresp.
vernum (
CGL t. 4, 205, 51:
lignum alnetanum id est vernum; latinisation d'un gaul. auquel corresp. l'irl.
fern, cornique
gwern « aune », le cymrique
gwern « bois d'aune, aunaie, marécage »,
Thurneysen, p. 115;
cf. Dottin, p. 100), est issu le type
vern, masc. (a. prov.
vern 1230-50
rusca de vern exprimant une valeur minime,
Peire Bremon de Ricas Novas,
Poésies, éd. J. Boutière,
Sirventes, XVIII, 6) dont l'aire princ. est la Gascogne (
Lespy-
Raym.,
s.v. bern).
Vergne [
supra 2] dont l'aire couvre l'ouest du domaine
verno- jusqu'à la Garonne (
cf. a. prov.
vernh, masc.
ca 1200 [Rouergue]
Daude de Pradas,
Dels auzels cassadors, 1199 ds
Levy Prov.) est issu du rad. gaul.
*verni- à travers une forme masc.
*vernium; cette forme, ainsi que son corresp. fém.
*vernia (de là, l'a. prov.
vernha, fém. « aunaie, marécage » Gaillac [Tarn] 1281,
ibid., cf. prov.
vergne «
id. »,
Mistral), sont des dér. à valeur coll., de formation b. lat. ou déjà gaul. À ce type
vergne, se rattache l'arg. m. fr.
vergne fém. « ville » (av. 1465,
Villon,
Ballades en jargon, éd. A. Lanly, VIII, 26; XI, 8), dont l'orig. du sens demeure obsc.,
FEW t. 14, pp. 299b-302 a. À côté du groupe
verne-vergne décrit, un second type
verne désignant différents objets en bois [vergues, timons, solives] (dep.
ca 1100 « proue de bateau »
Roland, éd. J. Bédier, 2632) et, à l'époque mod., seulement relevé dans les dial. du nord et de la Wallonie, est, de même que
verne (
supra 1), issu de
verna, mais p. méton.,
FEW t. 14, p. 301 a-b.