VENTRE, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1050 « chez la femme, le siège de la gestation » (
Alexis, éd. Chr. Storey, 453);
b) 1614
c'est le ventre de ma mère je n'y retourne plus « se dit d'une chose dont on est peu satisfait et qu'on ne veut pas recommencer » (
La Resjouissance des harangeres et poissonnières des Halles, 10 ds
Quem. DDL t. 19);
c) av. 1615
dès le ventre de sa mère « dès sa naissance » (
Pasquier,
Recherches de la France, p. 562);
d) 1685
curateur au ventre (
Sorel,
Francion, éd. Colombey, 264); 1690
avoir qqc. dans le ventre (
Sorel,
Francion, éd. Colombey, 264); 1690
avoir qqc. dans le ventre (
Fur.);
2. ca 1100 « partie antérieure du tronc » (
Roland, éd. J. Bédier, 3922); 1452
passer par dessuz le ventre de qqn (
Jean de Bueil,
Jouvencel, éd. L. Lecestre, II, p. 131); 1585
passer sur le ventre à qqn (N.
Du Fail,
Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, p. 318); 1685 (demander pardon)
ventre à terre (
Fur.); 1853
taper sur le ventre à qqn (
Hugo,
Châtim., Paris, Hachette, 1932, p. 287); 1880
danse du ventre (
Zola,
Nana, p. 237);
3. a) 1
remoit.
xiies. « l'abdomen en tant que siège de la digestion » (
Psautier Cambridge, éd. F. Michel, XXI, 15, p. 26);
ca 1165 « estomac » (
Benoît de Ste-Maure,
Troie, éd. L. Constans, 29290); 1552
remplir son ventre (
Est.); 1798
se remplir le ventre (
Ac.);
b) 1640
tout fait ventre (
Oudin Curiositez, p. 565);
c) 1680
(rire) à ventre déboutonné (
Rich.); 1694
avoir mal au ventre (
Ac.);
d) 1808
se serrer le ventre (
Hautel); 1861
se brosser le ventre « ne pas trouver un emploi lucratif de ses forces ou de son talent » (
Larch., p. 263); 1881
se brosser le ventre « ne pas avoir à manger » (
Rigaud,
Dict. arg. mod.);
e) 1837
prendre du ventre (
Balzac,
Employés, p. 110); 1840
avoir du ventre (
Id.,
Œuvres div., t. 2, p. 18); 1844
avoir un ventre de député ministériel (
Id.,
Gaudissart II, p. 286);
f) 1680
ventre à planer « planchette que le tourneur appuyait contre son ventre quand il planait une pièce de bois » (
Rich.);
4. 1452
avoir du cœur au ventre (
Jean de Bueil,
op. cit., p. 179); 1611
mettre le cœur au ventre (
Cotgr.); 1618
faire connaître ce que l'on a dans le ventre (Comte
de Cramail,
Coméd. des Prov., II, 3 ds
Livet Molière t. 3, p. 770); 1623
voir ce que qqn a dans le ventre (
Sorel,
Francion, éd. Colombey, 264); 1690
avoir qqc. dans le ventre (
Fur.); 1718
faire rentrer les paroles dans le ventre (
Ac.).
B. 1. 1314
ventre du doi « partie charnue du doigt » (
Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, 945, t. 1, p. 226); 1575 « partie centrale d'un muscle » (
Paré,
Œuvres, I, 9, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 1, p. 126);
2. a) 1327 « partie creuse et renflée d'un objet » (
Palgrave,
The ancient Kalendars and Inventories, III, 168); 1616
ventre du navire (D
'Aubigné,
Hist., II, 81 ds
Littré); 1690
ventre d'un luth (
Fur.); 1928
ventre (d'un avion) (
Saint-
Exup.,
Courr. Sud, p. 5);
b) 1552
faire ventre « se bomber (d'un mur) » (
Est.);
3. 1754 phys. (
Diderot,
De l'interprétation de la nature, XXXVI ds
Œuvres philos., éd. P. Vernière, 1964, p. 205);
4. 1932 « partie inférieure d'une voiture » (
Romains,
Hommes bonne vol., t. 3, p. 159);
5. 1967 « partie centrale d'une page d'un journal » (
Voyenne). Du lat.
venter, ventris « ventre », « sein de la mère », « intestins », « renflement, flancs d'un objet ».