VAPEUR1, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1265
vapour « espèce de fumée s'élevant des corps humides sous l'action de la chaleur » (
Brunet Latin,
Trésor, I, 106, éd. F. J. Carmody, p. 90);
b) 1575 spéc.
vapeur de l'eau (
Paré,
Œuvres, XXV, 24, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 3, p. 561);
2. a) xives. [ms.] « exhalaison qui se dégage d'une substance » (
Fragm. d'un livre de medecine, ms. Berne A 95, f
o12 r
ods
Gdf. Compl.);
b) 1610
vapeurs « effet euphorique dû à l'absorption d'alcool » (
Béroalde de Verville,
Moyen de parvenir, 38, 9, éd. A. Tournon, p. 106);
3. a) 1609 méd. anc. « humeur subtile qui s'élève des parties basses et trouble le cerveau » (
Régnier,
Satires, XII, 51, éd. G. Raibaud, p. 154: tout ce qu'elle espere Des biens que l'hypocondre en ses
vapeurs promet Quand l'humeur ou le vin lui barbouillent l'armet);
cf. 1684
vapeur de fille anc. nom de l'hystérie (M
mede Sévigné,
Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 147);
b) 1609 « chose vaine, futile » (
Régnier,
op. cit., VI, 167, p. 67: Mais ce traître cruel [l'Honneur] [...] Qui nous gonfle le cœur de
vapeurs et de vent);
4. 1765 (
Encyclop. t. 16:
vapeur, vaporeux, se dit en Peinture, lorsque la perspective aërienne est bien entendue dans un tableau, et qu'il y regne un très-léger brouillard qui rend les objets tendres et flous);
5. a) 1784 (
Maillard,
Théorie des machines mues par la force de la vapeur de l'eau [titre] ds
Wexler, p. 98, note 11);
b) 1794 (
Journal des Mines, 1, 62,
ibid., note 9: Nous croyons nécessaire d'adopter cette dénomination [
machine à vapeur] au lieu de celle de
pompe à feu [...]. L'eau réduite en vapeur en est le moteur: le feu n'est que la cause de la vaporisation [...] on n'a fait ici que traduire l'expression anglaise
steam engine);
c) 1825
cuire à la vapeur, turbot à la vapeur (
Brillat-
Sav.,
Physiol. goût, pp. 337, 339);
d) 1861
marcher à pleine vapeur (
Armengaud,
Moteurs à vapeur, t. 2, p. 404);
e) 1868
à toute vapeur (
Verne,
Enf. cap. Grant, t. 1, p. 38);
6. a) 1847 fig. (
Féval,
Fils diable, t. 7, p. 31: Quant au chemin de fer, ça marche à pleine
vapeur! Dix mille demandes d'actions depuis lundi!);
b) 1865
à la vapeur « à toute vitesse » (
Sardou,
loc. cit.). Empr. au lat.
vapor subst. masc. « vapeur d'eau, exhalaison, fumée », dans la lang. de l'époque impériale « chaleur », au fig. « bouffées de chaleur » et « état d'excitation (de l'esprit) », att. au sens de « vanité » chez les aut. chrét. (v.
Blaise Lat. chrét.); en fr.
vapeur a été fait fém. p. anal. avec les termes en
-eur*. Pour désigner les nouv. machines utilisant la force motrice de la vapeur d'eau, il y eut fin
xviiie-déb.
xixes. une période d'hésitation pendant laquelle coexistèrent des périphrases (
cf. en 1804 la description de la voiture inventée en 1769 par le mécanicien fr. Cugnot: « cabriolet qui était conduit par le feu et la vapeur de l'eau », v.
Wexler, p. 97), le type (machine)
à feu (
supra ex. cité sous 5 b), et le syntagme
à vapeur qui devait l'emporter (quand
vapeur empl. absol. fut compris comme « source d'énergie, force motrice »
cf. 1829,
Béranger,
Chans., t. 3, p. 251: la presse éclaire, et le gaz illumine et la
vapeur vole aplanir les mers);
à vapeur corresp. aux dénom. angl. dans lesquelles
steam « vapeur » entre en compos. avec le nom de l'engin:
steamengine 1751 (à côté de
fire-engine) pour désigner un engin mû par la vapeur, 1815 au sens de « locomotive »,
steamboat dep. 1787 (v.
NED),
cf. steamcarriage rendu par « chariot à vapeur » 1815 et
steamhorse par « cheval de vapeur » 1821 (cités par
Wexler, pp. 100-101).