VALET, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. « Garçon, jeune homme issu de maison noble, non encore armé chevalier, qui accomplit divers services »
a) ca 1140 domaine de la chasse (
Geffroi Gaimar,
Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 6361); 1155 (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 14207: Garçons apela e
vadlez, Levriers fist mener e brachez [...], Unc cerf ne bisse ne troverent);
b) 1160-74 service des armes (
Id.,
Rou, éd. A. J. Holden, III, 3600: Od Willeaume fu Gui norriz Des que il fu
vadlez petiz; [...] E quant il l'out fait chevalier [...]; III, 8758);
ca 1170 (
Chrétien de Troyes,
Erec, éd. M. Roques, 1964: Comanda [li rois Artus] .C.
vaslez baignier, Que toz les vialt chevaliers faire; 4257);
c) ca 1170 services domestiques (
Id.,
ibid., 3120: O lui un escuier venoient dui
vaslet Qui portoient et pain et vin Et cinc fromages de gaïn; 4236);
d) 1611 « carte à jouer sur laquelle est représentée la figure d'un jeune écuyer »
valet de Picques (
Cotgr.);
2. 1155 « enfant mâle, issu de maison noble » (
Wace,
Brut, 1403: Guendoliene rout enfant Un
vallet, meïsme cel an, Sil firent apeler Madan); 1160-74 (
Id.,
Rou, III, 1047);
ca 1170 (
Rois, I, XVII, 33, éd. E. R. Curtius, p. 34: Respundi Saül [à David] Ne te poz pas a lui cupler, kar tu es
vadlez e il [Goliath] est un merveillus bers de sa bachelerie);
3. 1260 « aide du maître, du patron; apprenti » (
Étienne Boileau,
Métiers, éd. R. de Lespinasse et Fr. Bonnardot, I, I, 44:
vallès ou aidans a Talemelier; nombreux ex., index, p. 395a);
4. « serviteur, domestique » [
cf. A 1 c duquel il est délicat de le dissocier,
cf. 1615,
Pasquier,
Rech., VIII, 3 ds
Hug.:
valet ancienement s'adaptoit fort souvent à titre d'honneur près des rois [...] Maintenant [...] il se donne à ceux qui entre nos serviteurs sont de moindre condition, et quasi par contemnement et mespris] 1174-76 (
Guernes de Pont-
Ste-
Maxence,
St Thomas, éd. E. Walberg, 3978; 4683:
vaslet a pié); mil.
xves. péj.
faire les bons varletz « se montrer bassement complaisant » (
Journal d'un bourgeois de Paris, éd. A. Tuetey, p. 28); 1658
votre valet formule d'adieu (
Loret,
Muse hist. ds
Livet Molière); spéc.
a) 1306
un vallet de sa chambre [du roi] (
Joinville,
St Louis, éd. N. L. Corbett,603, p. 209); 1372
varlés de chambre (D.
Foulechat, trad. du
Policrat. de J. de Salisb., Bibl. nat. fr. 24287, fol. 90a ds
Gdf. Compl.);
b) 1377
varlet de chiens (
Gace de La Buigne,
Deduis, éd. Åke Blomquist, 8009-8010);
c) 1549
varlet de cuisine (
Est.).
B. Élément destiné à rendre un service, à faciliter un travail
1. a) 1539
varlet d'huis « contrepoids refermant une porte » (
Est. d'apr.
FEW t. 14, p. 200b); 1549 (
Est.);
b) 1752
valet « barre servant à bloquer le battant d'une porte » (
Trév.);
2. 1589
vallet [
de miroir] (
Inventaire de Cath. de Médicis ds
Havard t. 4, col. 1503);
3. 1622 menuis.
vallet (E.
Binet,
Merv. de nat., p. 445 ds
Gdf. Compl.);
4. 1723 mégiss. (
Savary d'apr.
FEW, loc. cit.; éd. 1741, t. 3, col. 536);
5. 1765 horlog.
valet ou sautoir (
Encyclop. t. 16, p. 817b). D'un b. lat. *
vassĕllĭtus ou *
vassŭlĭtus dér. de
vassus (v.
vassal) à l'aide du suff.
-ĭttu (
-et*) précédé respectivement des suff.
-ĕllu (
-eau*) ou
-ŭlu (v.
-ule). Pour les sens du mot en a. fr. et ses nuances par rapport aux synon.
bachelier*,
jouvenceau*,
damoiseau*,
meschin (v.
mesquin), voir A.
Stefenelli,
Der Synonymenreichtum der altfranzösischen Dichtersprache, pp. 68-74; v. aussi
garçon. À rapprocher de B 3, l'a. prov.
varlet « valet d'établi d'un menuisier » (1473 ds
Pansier t. 3).