VAINCRE, verbe trans.
Étymol. et Hist. 1. a) α) Fin
ixes.
veintre « dominer et réduire à sa merci, imposer sa volonté à (quelqu'un) » (
Cantilène Eulalie, 3 ds
Henry Chrestomathie, p. 3: Voldrent la
veintre li Deo inimi); fin
xes. (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 374: [Jesus] fort Satanān alo
venquit; 497: [Satan] nuˑls
vencera);
β) 1601 pronom. « acquérir la maîtrise de soi, dominer ses instincts, ses passions » (
Charron,
Sagesse, éd. 1797, p. 346: se
vaincre soy-mesme);
b) ca 1100
veintre « l'emporter par les armes sur (un ennemi) » (
Roland, éd. J. Bédier, 2211: Pur orgoillos
veintre e esmaier); 1130-40
vaincre (
Wace,
Vie Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 326 [ms. de 1267]:
vaincre cest felon); 1160-74 (
Id.,
Rou, éd. A. J. Holden, II
epart., 4043: nos anemiz
vaincre); 2
emoit.
xiiies. absol. (
Roland, texte de Châteauroux, éd. W. Foerster, p. 272: se ge puis
vencre);
2. 1176-84 « être plus fort que (une force naturelle), faire reculer ou disparaître » (
Gautier d'
Arras,
Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 5041: li biens
vaintra); fin
xiies. (
Chastelain de Couci,
Chansons, éd. A. Lerond, p. 72: S'amours ne
vaint raison);
3. 1538 « l'emporter sur (un adversaire, un concurrent) dans une compétition pacifique » (
Est.,
s.v. supero: Superare, Surmonter,
Vaincre, Passer aucun en quelque chose); 1538
vaincre qqn en qqc. (
ibid.: Aliquem dolis superare, Le
vaincre en cas de tromperie). Du lat.
vincere « vaincre à la guerre; vaincre dans des luttes diverses (jeux, procès, vente, discussion); triompher de, venir à bout de, surpasser »; fig. « vaincre, surpasser, dominer ». D'abord
veintre en a. fr., puis
vaincre d'apr. le part. passé
vencu, vaincu (
Fouché Morphol., p. 132).