VAIN, VAINE, adj.
Étymol. et Hist. A. En parlant d'inanimés
1. a) α) 1
remoit.
xiies. « sans consistance, sans valeur, sans fondement solide » (
Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, II, 1: Purquei [...] li pueple penserunt
veines choses? [
populi meditati sunt inania]; XCIII, 11: kar
veines sunt [les cogitatiuns des humes] [
quoniam vanae sunt]);
β) 1174-78 spéc.
veine gloire « gloire futile, vanité » (
Étienne de Fougères,
Livre des manières, éd. R. A. Lodge, 383),
cf. 1174-82 (
Chrétien de Troyes,
Perceval, éd. F. Lecoy, 40);
γ) ca 1175 « changeant, frivole » (
Benoît de Ste -
Maure,
Chron. des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 10247: le siecle
vain e muable, Faus e a toz escolorjable);
cf av. 1465 (
Charles d'Orléans,
Ballades, LX, 8 ds
Œuvres, éd. P. Champion, p. 85: Ce monde n'est que chose
vaine!);
δ) 1688 « creux » (en parlant du style)
style vain et puérile (
La Bruyère,
Caractères, Des Ouvrages de l'esprit ds
Œuvres, éd. J. Benda, 1962, p. 90);
b) xives. « inutile, qui n'aboutit à rien » (
Guillaume de Nangis,
Annales de St Louis, Paris, 1761 ds
La Curne: Le privilege aus freres pescheurs et meneurs [...] fust
vain appellé); 1538 [prières]
vaines et inutiles (
Est,
s.v. vanus); 1688
science vaine (
La Bruyère,
op. cit., p. 89);
c) id. « faible, inapte » [
cf. II 1]
paroles vaines « mots trop faibles pour exprimer ce que l'on voudrait dire » (
Id.,
op. cit., Des esprits forts,
ibid., p. 461);
2. a) ca 1220 « vide » (
Gui de Cambrai,
Barlaam et Josaphat, éd. C. Appel, 2086: les .v. lors lampes erent
vainnes [des vierges folles]); 1690
vain tombeau « cénotaphe » (
Fur.);
b) α) 1264
veinne pasture (doc. Arch. nat. M 1 ds
Gdf. Compl., v. aussi lat. médiév.
vanum pasturagium ds
Du Cange,
s.v. pasturagium);
β) 1611
terre vaine (
Cotgr.).
B. En parlant de pers.
1. 1130-40 « faible, sans force morale » (
Wace,
Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 438);
ca 1150 « faible, épuisé » (
Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 674);
2. ca 1165 « léger, inconstant »
cuer vain e muable (
Benoît de Ste-
Maure,
Troie, éd. L. Constans, 13864);
cf. av. 1662 (
Pascal,
Pensées, 205 B ds
Œuvres, éd. J. Chevalier, p. 1142: il est si
vain [l'homme], qu'étant plein de mille causes essentielles d'ennui, la moindre chose, comme un billard et une balle qu'il pousse, suffisent pour le divertir);
3. 1176-84 « qui a le désir de paraître, vaniteux »
feme fausse et vaine (
Gautier d'Arras,
Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 4919). Du lat.
vanus « vide, où il n'y a rien », fig. « creux, vain, sans fondement, sans consistance, mensonger; trompeur, fourbe ».
Vaine gloire est prob. formée d'apr. les comp. b. lat.
vaniglorius « dont la gloire est vaine » (s.d. Pseudo-Grégoire ds
Blaise Lat. chrét.),
vanagloriosus (
xiiies. ds
Du Cange), de là, l'a. fr.
vanaglorieus;
vaneglorieus ca 1265,
Brunet Latin,
Trésor, éd. Fr. J. Carmody, II, XXIII, 3, p. 193 et 40, p. 194.