VAGUE1, adj. et subst. masc.
Étymol. et Hist. I. Adj.
A. 1213 « errant, vagabond », ici subst. (
Faits des Romains, éd. L. F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p. 100, ligne 15); 1485 adj.
vague et fugitif vagabond (
Mystere Viel Testament, V, 2781, éd. J. de Rothschild, t. 1, p. 106), en a. et m. fr.
B. 1. 1316-28 « imprécis, non défini »
ces vagues cojitacions (
Ovide moralisé, livre VIII, 3687, éd. C. de Boer, t. 3, p. 198);
cf. 1531 [éd.] (J.
de Vignay,
Mir. histor., XX, 73 ds
Gdf. Compl.);
2. 1690 « dont le sens est difficile à saisir du fait de son caractère imprécis ou flottant »
discours vague (
Fur.);
3. fin
xviies. « qui traduit, exprime des pensées, des sentiments indécis, confus »
des oppositions vagues et en l'air (
Boss.,
Lett., 211 ds
Littré);
4. 1763 « que le caractère mal établi, lointain de son objet rend faible ou peu perceptible; que l'on ne peut préciser »
une image confuse d'une image vague (
Marmontel,
Poétique fr., p. 179);
5. 1869 « (d'une personne) qui manque d'exactitude, de précision dans l'expression de sa pensée » (Th.
Gautier,
Feuilleton du Journ. offic., du 26 juin ds
Littré).
C. 1. 1611 « qu'on ne peut localiser avec précision ou certitude »
fièvre vague (
Cotgr.);
2. a) 1672 « qu'on ne peut distinguer nettement, dont l'apparence sensible reste indéfinissable »
de vagues chimères (
Corneille,
Pulchérie, IV, 3);
b) 1745 peint. (
Bosse,
Manière de graver, p. 74);
3. 1864 « se dit d'un mouvement imprécis, à peine ébauché et dont la signification n'apparaît pas clairement »
un geste vague (
Goncourt,
loc. cit.);
4. 1890 « dont l'identité précise importe peu; insignifiant, quelconque » [toujours avant le subst.]
un vague service rendu (
Zola,
Bête hum., p. 96);
5. 1895 « (d'un vêtement) qui n'est pas ajusté »
la forme de ses robes... semblait vague (
Gyp,
Leurs âmes, p. 65).
D. 1771 anat.
nerf vague (
Trév.).
II. Subst.
1. 1550 « portion d'espace d'un milieu déterminé où les objets sont perçus très confusément »
le grand vague liquide (
Ronsard,
Odes, V, VIII, 683 ds
Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 3, p. 156);
2. 1699 « caractère de quelque chose qui est imprécis, indécis dans son apparence sensible », ici terme de peint. (R.
de Piles,
Vie des Peint., p. 321 ds
Brunot t. 6, p. 710, note 9: une maniere claire, que les Italiens appellent
Vague);
3. 1763 « caractère de ce qui est confus, indéfinissable dans le domaine intellectuel, affectif, sensible »
c'est dans le vague qu'il se plaît (
Marmontel,
op. cit., p. 350);
4. 1765 « ce qui manque de netteté, de précision dans la pensée ou dans l'expression » (
Encyclop. t. 16); 1793
laisser dans le vague « ne pas donner de précisions » (
Staël,
Lettres L. de Narbonne, p. 202);
5. 1803
le vague des passions (
Chateaubr.,
Génie, t. 1, p. 411); 1830
vague à l'âme (
Brazier et
Dumersan,
Les Brioches à la mode ds
Quem. DDL t. 2). Empr. au lat. class.
vagus « vagabond, errant » (d'où les 1
resattest. du mot en a. fr. et m. fr.); puis « inconsistant, flottant, indéterminé, indéfini ».