UTOPIE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. a) 1532 nom d'un pays imaginaire (
Rabelais,
Pantagruel, chap. 2, éd. V.-L. Saulnier, p. 17);
b) 1550 (
Bonivard,
Anc. et nouv. police de Genève, p. 37 ds
Littré: la malice que havons de Adam pour heritage s'est treuvee tousjours à Geneve comme ailleurs [...] si qu'il ne fault chercher ronds et entiers plaidoieurs qui par cavillations ne prolongent les procez, sinon en
utopie);
c) 1580 (
Du Verdier,
Biblioth. Franç., III, 210 cité ds
Les Utopies à la Renaissance, p. 150: La République d'
Utopie, œuvre grandement utile, démontrant le parfait état d'une bien ordonnée police, traduite du latin de Thomas More, chancelier d'Angleterre, lequel sous une feinte narration d'une nouvelle isle d'
Utopie, a voulu figurer une morale République et très parfaite police);
2. a) 1821 (
Saint-
Simon,
Du syst. industr., t. 3, p. 30: Les hommes seront aussi heureux que leur nature puisse le comporter et la science politique aura réalisé ce que, jusqu'à ce jour, on n'avait considéré que comme une
utopie);
b) 1846 (
Proudhon,
op. cit., p. 40: l'
utopie socialiste; p. 43: l'
utopie platonique; p. 48: l'
utopie communiste);
c) 1855 (
Sand,
Hist. vie, t. 3, p. 32: J'exposais naïvement mon
utopie à Deschartres). Empr. au lat.
utopia (formé du gr. ο
υ
̓ nég. et τ
ο
́
π
ο
ς « endroit, région ») nom donné par l'humaniste et homme d'État angl. Thomas More [1478-1535] à une île imaginaire jouissant d'un système soc. et pol. idéal, dans un ouvrage paru en lat. en 1516, trad. en fr. en 1550 (la trad. angl. date de 1551; l'angl.
utopia est att. en 1734 au sens de « plan idéal et irréaliste, dans le domaine social », v.
NED). Sur la notion d'utopie v.
Les Utopies à la Renaissance, Presses universitaires de Bruxelles, Presses universitaires de France, 1963; J.
Servier,
Histoire de l'Utopie, 1967; C. G.
Dubois,
Problèmes de l'utopie, Archives des lettres modernes, 1968, n
o85; R.
Ruyer,
L'Utopie et les utopies, 1950.