TÊTARD, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. 1303 « entêté, opiniâtre » (
li Coies de la parroche Saint Estene, f
o3 v
o, Cahiers de la taille, 1301-1318, Arch. mun. Reims ds
Gdf.: Maresson li
testarde), encore répertorié ds
Duez,
Dict. fr. all., 1663 (d'apr.
FEW t. 13, 1, p. 277), puis ds
Besch. 1845 (qui le considère comme ,,vieux mot``), a vécu dans certains parlers région. (Normandie, Lorraine, Franche-Comté et également dans les domaines fr.-prov. et occit., v.
FEW,
loc. cit.); 1836 «
id. » arg. (
Vidocq,
Voleurs, t. 2, 167);
2. a) xves.
tetart « qui a une grosse tête » (
Gloss. lat.-gall., Richel. l. 7679, f
o259b ds
Gdf.), a vécu dans les parlers du Centre et de l'Isère (v.
FEW, loc. cit.);
b) 1560
testard nom du chabot (
Gesner,
Nomenclator aquatilium animantium, p. 304),
cf. 1571,
La Porte,
Epith. fr., v
oMunier, poisson ds
Gdf.: Aucun pour la grosseur de sa teste l'appellent aussi
testard;
c) 1611 « larve de grenouille » (
Cotgr.);
d) 1842 « homme intelligent, malin » (
Sue,
Myst. Paris, t. 3, p. 163: Si tu veux devenir passé-singe [criminel habile], dévisage mon gros
tétard, voilà un homme!; p. 25:
Bien sorbonné [« bien raisonné », de
sorbonne « tête »]. Mon homme, tu es le roi des
têtards!;
e) α) 1840 « production qui reste à l'état inachevé » (
Balzac,
Œuvres div., t. 3, p. 304: [Sainte-Beuve] lâche alors [...] ses tropes faux où la pensée est à
l'état de germe, et qui le constituent l'inventeur du
tétard littéraire);
β) 1865 p. réf. au petit de la grenouille (
Taine,
Philos. art, t. 2, p. 304: vous trouvez [...] chez presque tous [les maîtres du
xves.] [...] ces
enfants hideux, sortes de têtards dont la tête énorme se continue par un torse mollasse);
f) 1878 « homme de lettres » (
Larchey,
Dict. hist. arg.), répertorié par
Guérin comme arg.;
g) 1901 arg. « cheval » (
Bruant);
h) loc.
α) 1928
faire connard ou tétard « tromper, duper » (
Lacassagne,
Arg. « milieu », p. 286);
β) 1928
être têtard « être découvert, être surpris, pris sur le fait » (
Id.,
ibid., p. 196);
3. a) 1765 (
Encyclop. t. 14, p. 712b,
s.v. saule: Les arbres qui sont
têtards);
b) 1808
exploiter (des arbres)
en têtards (
Baudrillart,
Nouv. manuel forest., t. 1, p. 793);
4. 1762 « partie du timon de la charrue » (
Encyclop., Planches, t. 22, I, 1, 2, p. 6-7);
5. 1842 « arbre qui sert de limite » (
Ac. Compl.). Dér. de
tête*; suff.
-ard*; à rapprocher de 2 d, 2 f et 2 h α
homme de teste « homme intelligent » (dep.
ca 1470,
Georges Chastellain,
Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 228) et de 2 h β
grosse tête pour désigner quelqu'un de stupide (
ca 1512,
Gringore,
Œuvres, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 2, p. 356:
grosse teste sans sens; 1640,
Oudin Curiositez: grosse Teste et peu de sens;
xvies.
en petite teste gist grand sens, v.
Leroux de Lincy,
Proverbes, t. 1, p. 277).