TÉMOIGNER, verbe
Étymol. et Hist. A. En parlant d'une pers.
1. « porter témoignage, déclarer »
a) ca 1135 intrans. (
Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 650: A grant merveille par fu le cheval fier, Si desraez, com j'oï
tesmoignier); 1269-78 (
Jean de Meun,
Rose, éd. F. Lecoy, 8659: Si con Valerius
tesmoigne); 3
etiers
xiiies. (M.
von Orelli,
Altfr. Bibelwortschatz Berner Cod. 28 [fol. 328 b 19], p. 380: il vos comenda a prëschier au pueple et a
tesmoingner);
b) ca 1170
tesmoingnier de (
aucune rien) (
Chrétien de Troyes,
Erec, éd. M. Roques, 421); 1174-87
tesmoingnier que + complét. (
Id.,
Perceval, éd. F. Lecoy, 8186);
2. 1247, nov. « porter témoignage en justice »
tiesmogniier ke + complét. (doc. Arch. Tournai ds
Gdf. Compl., s.v. tesmoignage et
tesmoignier);
3. ca 1590 trans. « manifester, donner des marques d'une qualité, d'un sentiment » (
Montaigne,
Essais, II, 29, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 708:
tesmoigner plus de courage).
B. En parlant d'une chose
1. 1174-87 trans. « faire connaître, indiquer » (
Chrétien de Troyes,
Perceval, 2806: l'estoire ensi le
tesmoingne); fin
xves. (
Philippe de Commynes,
Mém., éd. J. Calmette, IV, 7, t. 2, p. 41: sans le congnoistre [le roi] l'eussent jugé mal saige mais les œuvres
tesmoignoient bien le contraire);
2. 1580
id. « être le signe, l'indice, le reflet de quelque chose » (
Montaigne, op. cit., II, 17, p. 647: de tous les vices, je n'en trouve aucun qui
tesmoigne tant de lacheté et bassesse de cœur); 1863
témoigner de (
Littré, t. 1, préf., p. XVII: [les textes modernes]
témoignent de l'état présent de la langue). Dér. de
témoin*; dés.
-er.
Cf. l'a. fr.
testemoignier « (en parlant d'une personne) porter témoignage, attester » (1119,
Philippe de Thaon,
Comput, 2810 ds T.-L.),
testemoniier (1174-76,
Guernes de Pont-
Ste-
Maxence,
St Thomas, éd. E. Walberg, 2881), dér. de
testemonie, testemoingne (v.
témoin);
cf. le lat. médiév.
testimoniare « id. » (780 ds
Nierm.).