TURC1, TURQUE, adj. et subst.
Étymol. et Hist. A. 1. Subst.
a) ca 1100
Turc « habitant de la Turquie » (
Roland, éd. J. Bédier, 3240: l'altre est de
Turcs); av. 1453
le Grand Turc « le sultan, empereur des Turcs » (
Monstrelet,
Chron., III, f
o85 ds
La Curne: grand
Turc); 1456 (A.
de La Sale,
Jehan de Saintré, éd. J. Misrahi et Ch. A. Knudson, p. 216: le Grant
Turcq); 1457 expr.
fort comme un Turc (
Bertrandon de La Broquière,
Voyage d'Outremer, éd. Ch. Schefer, p. 217: il est fort comme ung
Turc); 1623 expr.
traiter qqn de Turc à Maure (
Garasse, Doctrine curieuse des beaux-esprits de ce temps, p. 900: un usurier qui traictoit avec luy de
Turc à More); 1857
tête de Turc « personne qui est la cible des railleries, des attaques » (
Goncourt,
Journal, p. 329); 1866
tête de Turc « sorte de dynamomètre sur lequel on s'exerçait dans les foires » (
L'Année sc. et industr., 1867, p. 275 ds
Rob. 1985,
s.v. tête);
ca 1903
jeune-turc adj. pol. (
Gde Encyclop., p. 532a,
s.v. Turquie: un comité
jeune-turc se forma alors contre la cour); 1907
Jeune-Turc subst. (
Nouv. Lar. ill. Suppl., s.v. Jeune-Turquie: le parti des
Jeunes-Turcs); 1951 p. ext. (
Camus,
Homme rév., p. 281 [citant Lénine]: nous sommes les jeunes
Turcs de la révolution);
b) 1457 subst. « langue parlée en Turquie » (
Bertrandon de La Broquière,
op. cit., p. 100: en celluy pays se parle
Turc);
2. adj.
a) 1536
cheval turc (
Rabelais,
Lettre à Mgr de Maillezais ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 365: quelques chevaulx
Turcs);
b) 1537 loc.
à la turque (B.
des Périers,
Cymbalum Mundi, dialogue 2 ds
Œuvres, éd. L. Lacour, t. 1, p. 339: acoustrer à la
Turque);
c) 1694 brod.
point à la turque (
Invent. du château d'Humières ds
Havard); 1765
point turc (
Encyclop. t. 12, p. 875b);
d) 1762
assis à la turque (Ch. S.
Favart,
Les Trois sultanes, éd. 1809, p. 191: Soliman et Elmire sont assis à la
turque);
e) 1846
café à la turque (
Dumas père,
loc. cit.); 1907
café turc (
Farrère,
Homme qui assass., p. 56);
f) 1851
bain turc (
Flaub.,
Corresp., p. 293);
g) 1872
à la turque mus. (
Littré: rondeau à la
turque);
h) 1893 « se dit de cabinets d'aisance sans siège » (
Eudel,
Arg. St-Cyr, p. 67:
Turc (le). Cabinets d'aisance des anciens); 1894 (
Bricka,
Cours ch. de fer, t. 1, p. 235: des sièges à la
turque dans les cabinets publics pour hommes).
B. 1504-09 subst., abusivement « musulman » (
Lemaire de Belges,
Couronne margaritique ds
Œuvres, éd. J. Stecher, t. 4, p. 47: mauvais Chrestiens ou
Turcqz).
C. 1. 1697 subst. ethnol. « d'un ensemble de peuples d'Asie centrale » (D'
Herbelot,
Bibl. orientale, p. 487: Igur et Aigur. Nom d'une Tribu des
Turcs Orientaux); 1826 adj. (
Balbi,
Introd. à l'atlas ethnographique du globe, p. 150: les nations
turkes; p. 155: la famille
turke); 1842 (
Ac. Compl.: famille
turque);
2. 1820 adj. ling. (A.
Remusat,
Rech. sur les lang. tartares, t. 1, p. 255: dialectes
Turks, langue
Turke); 1842 (
Ac. Compl.: langues
turques). Empr. au turc
türk « turc » (comme nom commun, signifie « puissance », v.
Lang. Monde 1924, p. 194;
Vasmer t. 3, p. 124). Les Turcs étaient connus des Chinois au
vies. sous le nom de
T'ou-Kiue (prob. empr. au mongol
türküt, plur. de
türk,
cf. Pelliot ds
Lang. Monde, p. 194) et des Grecs au
vies. également Τ
ο
υ
̃
ρ
κ
ο
ς (
Lang. Monde 1952, p. 332).