TU, pron. pers. et subst. masc.
Étymol. et Hist. Pron. pers. de la 2
epers. du sing., cas suj.
1. de valeur tonique, marque l'insistance, la mise en relief, l'oppos.; fréq. en déb. de prop. 937-952
(Jonas, éd. G. de Poerck, 178: tu doles super edera in qua non laborasti... et ego non parcam Ninive civitati...
tu douls mult... e jo ne dolreie de tanta milia hominum si perdut erent); fin
xes. (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 181: ,,
Tu eps l'as deit`` respon Jesus; 307:
Tu nos perdone celz pecaz [devant impér., v.
Ménard Synt.,57 2
e]);
ca 1050 en prop. ell. (
St Alexis, éd. Chr. Storey, 155: Plainums ansemble le doel de nostre ami:
Tu tun seinur, jol f[e]rai pur mun filz);
ca 1100 (
Roland, éd. J. Bédier, 318; 2030);
ca 1150
tu meïsmes (
Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 334); 1
remoit.
xiies. en fonction d'apostrophe (
Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, LVIII, 5: E
tu, Sire Deus... esveille tei);
ca 1160 en fonction d'attribut du suj. (
Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 4945: Comant remandrai ge sanz toi Ne
tu comant irras sanz moi? Dunc n'ies tu gié et ge sui
tu?); 1174-87 antécédent de rel. (
Chrétien de Troyes,
Perceval, éd. F. Lecoy, 3818:
Tu qui lez la pucele estas);
2. empl. en a. fr. sans intention d'insistance dans divers cas précis, notamment
a) fin
xes. apr. une conj. de sub. (
Passion, 235: ,,Si
tu laises viure Jesum, Non es amics l'emperador``; 296: Cu
tu vendras, Crist, en ton ren);
ca 1100 (
Roland, 2981);
b) ca 1050 apr. un rel. (
St Alexis, 219: Empur tun filz dunt
tu as tel dolur);
c) ca 1135 apr. une conj. de coord. (
Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 141: Mes
tu es morz); d'empl. facultatif en dehors de ces cas, il deviendra courant, normal en position conjointe pour marquer la pers. du suj., v. W.
von Wartburg,
Problèmes et méthodes ling., Paris, 1963, pp. 68-81;
3. a) ca 1165 forme enclitique
tun [tu en] (
Benoît de Ste-Maure,
Troie, 1425; 21886);
b) fin
xiies. forme
te [dial. du Nord] (
Sermons de St Bernard, 110, 25 ds T.-L.), de là, la forme élidée devant voy. (
Raoul de Cambrai, 5157,
ibid.). -
Tu est en règle gén. au Moy. Âge réservé aux inférieurs ou utilisé entre égaux dans les classes inférieures; il est souvent empl. pour manifester des sentiments violents ou dans les moments d'intimité; on dit souvent
tu à Dieu (
ca 1135
Couronnement de Louis, 59); ces usages ne sont cependant ni rigides, ni figés v.
Ménard Synt.,59 2 ;
Moignet Gramm., p. 262; v. aussi
vous;
4. av. 1771 empl. subst.
le tu (M. de Bussy ds
Trév. 1771). Du lat.
tu, pron. pers. de la 2
epers., nomin., concurrencé à basse époque par
vos selon les relations existant entre les pers., v.
vous; pour l'ext., dans la lang. pop., de l'empl. du pron. suj. exprimé devant le verbe, v.
il.