TRUBLE, TROUBLE3, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. 1160-74 plur.
trubles « sorte de pelle » (
Wace,
Rou, éd. A. J. Holden, II, 3540), répandu dans les dial. norm. comme subst. masc. (
FEW t. 13, 2, p. 342b);
2. « filet à poissons [sorte d'épuisette emmanchée à une perche] »
a) 1260 plur.
trubles (
Etienne Boileau,
Métiers, éd. G. B. Depping, p. 262);
b) xiiie-
xives. masc. sing.
pescheir au truble fig. « ne rien faire d'utile » [cette pêche ne rapportant que peu, v. G.
Tilander,
Lex. Renart, 1924,
s.v. loche] (
Renart, éd. E. Martin, XIV, 450, leçon ms. C, t. 3, p. 520);
c) 1269-78 fém. sing.
prendre a la trible (
Jean de Meun,
Rose, éd. F. Lecoy, 13974); 1298, sept.
pescier a la truvle (
Chartes de Joinville, éd. N. de Wailly ds
Bibl. Éc. Chartes, 6
esérie, t. 3, 1867, p. 597); 1704
trouble (
Trév.).
Truble, de genre masc. ou fém., est prob. issu du gr. de Marseille τ
ρ
υ
́
β
λ
ι
ο
ν subst. neutre, et τ
ρ
υ
́
β
λ
η fém. « bol, écuelle, assiette ». Le lat.
trublium «
id. » (empr. au gr.) ne peut en effet expliquer le vocalisme du fr.; en revanche, le caractère du mot fr. (techn. du pressoir, de la pêche) est tout à fait compatible avec l'hyp. d'un empr. dir. au gr. Du point de vue phonét., le traitement du gr. μ
υ
́
ρ
τ
ο
ν « myrte » passé dans l'a. prov.
murta (
FEW t. 6, 2, p. 316b) postulant un
ū
, permet de déduire que le gr. [υ], long ou bref, passant dans le domaine gallo-rom., a connu la même évol. que le lat.
ū
. La forme a. fr.
trible peut s'expliquer à partir de
truble p. dissim. entre
ü et la cons. labiale suiv. La forme
trouble (
cf. trubleau, troubleau), peut-être p. infl. de
troubler*;
FEW t. 13, 2, p. 343a et b.