TRICHER, verbe
Étymol. et Hist. 1. a) 1155
trichier intrans. « frauder d'une manière quelconque; agir malhonnêtement »
suvent boisent e suvent trichent (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 10570);
b) ca 1165 trans. « tromper quelqu'un » (
Troie, 20676 ds T.-L.);
c) 1884 intrans. « avoir des relations sexuelles sans prendre le risque de concevoir » (
Huysmans,
loc. cit.);
2. 1680 trans. « tromper quelqu'un au jeu » (
Rich.); 1690 intrans. « enfreindre les règles d'un jeu en vue de gagner » (
Fur.);
3. 1835 intrans. « dissimuler un manque, un défaut dans la confection d'un ouvrage matériel » (
Ac.);
4. 1862 trans.
tricher une serrure « la crocheter » (
Hugo,
Misér., t. 2, p. 666);
5. 1893 intrans.
tricher sur qqc. « tromper sur sa valeur, sa quantité... » (
DG [
xvies.
tricher sur les délinquants « fermer les yeux sur les délits en se faisant payer sa complaisance » (ds
Mém. Soc. archéol. Lorraine, t. 35, 1885, p. 18)]). D'un lat. *
triccare, du b. lat.
tri̊care, lat. class.
tri̊cari « chercher des détours, chicaner » par redoublement expr. de la cons. finale du rad.;
cf. aussi l'ital.
treccare « abuser, tromper; embrouiller, duper » et l'a. prov.
trichar « tricher, tromper, trahir »
xiies. (G.
Faidit,
Chant e deport ds
Rayn.); l'a. fr. a deux formes:
trichier (
supra) et
trechier (1174-76,
Guernes de Pont-
Ste-
Maxence,
St Thomas, 1224 ds T.-L.), ce double vocalisme s'explique par le fait que i̊ de
tricare est devenu ĭ par suite du redoublement de la cons. finale du rad. mais que, ensuite, sous l'infl. de
tricare (avec ị), ị a été rétabli dans
trĭccare (
FEW t. 13, 2, p. 261a).