TORTUE, subst. fém.
Étymol. et Hist. I. 1. a) Ca 1190 « reptile chélonien à quatre pattes courtes, au corps enfermé dans une carapace sous laquelle la tête peut rentrer »
tortues et scarpanz (
Floovant, éd. S. Andolf, 1303);
b) 1690
potager de tortuës (
Fur.); 1825
soupe à la tortue (
Brillat-
Sav.,
Physiol. goût, p. 319);
2. 1648
marcher comme une tortue « marcher très lentement » (
Scarron,
Virgile travesti, éd. V. Fournel, livre II, 119b); d'où 1796 « personne très lente » (J.
de Maistre,
Corresp., p. 92);
cf. 1866 (
Hugo,
Corresp., p. 181: c'est une
tortue [l'Académie] qui a des coups de foudre);
3. 1867 [1
reéd.] « monnaie grecque sur laquelle était gravée une tortue » (Ch.
Blanc,
Gramm. arts dessin, p. 500).
II. 1. 1575 « machine de guerre à l'abri de laquelle on s'approchait des remparts d'une ville assiégée » (
Paré,
Préface sur le livre des playes faites par harquebuses ds
Œuvres compl., t. 2, p. 123);
2. 1606 « carapace que l'on fait en marchant en tenant des boucliers au-dessus de la tête » (
Nicot). De l'a. prov.
tartuga « tortue »,
xives. [ms.]
bec de tartuga (
Marcabru,
Poésies, éd. J. M. L. Dejeanne, p. 85);
tortuga,
xives. (
Eluc. de las propr., fol. 57 et 261 ds
Rayn. ) qui remonte tout comme l'ital. et le port.
tartaruga, à un lat.
tartarūca, fém. de l'adj. b. lat.
tartaruchus « de l'enfer, du Tartare » (
Blaise Lar. chrét.) (du b. gr. τ
α
ρ
τ
α
ρ
ο
υ
̃
χ
ο
ς «
id. » ds
Liddel-
Scott) dans des expr. comme *
bestia tartaruca ou même *
testudo tartaruca, la tortue symbolisant les hérétiques, et, dans les représentations figurées l'esprit des ténèbres, du mal en lutte avec le coq, symbole de l'esprit de la lumière et du bien.
Tartaruga est devenu
tortuga p. dissim. des deux syll. identiques, et sous l'infl. de
tort « tordu » (v.
tort), les tortues ayant les pattes tordues, la voy.
-o- s'est substituée à
-a-; le lat. class.
testūdo survit dans l'ital.
testuggine (avec substitution de suff.).
Cf. Bl.-W.
1-5.