TEMPÊTE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. 938-950 « vent violent accompagné de rafales de pluie, de grêle » ici, en mer (
Jonas, éd. G. de Poerck, 6: Scio enim ego quoniam propter me si est venu de cise
tempestes super vos); 1176-81 allus. au caractère subit et destructeur de la tempête (
Chrétien de Troyes,
Chevalier de la charrette, éd. M. Roques, 2728: Lors le fiert [...] si l'anvaïst come
tanpeste);
ca 1195
id. (
Ambroise,
Guerre sainte, 2229 ds T.-L.: Cil [li Turc] saillirent come
tempeste);
2. a) 1174-77 « mauvais traitement, ravage » (
Renart, éd. M. Roques, 6518);
b) ca 1200 « malheur » (
Guiot de Provins,
Bible, 2474 ds
Œuvres, éd. J. Orr, p. 87: c'est une
tenpeste Quant il assemblent en un leu [li legistre] ou il cudent faire lor preu);
c) α) 1205-50 [ms. H
xives.] « bruit, vacarme »
demener grant tempeste (
Renart, éd. E. Martin, XXIII, 1502);
β) 1668
la tempête de sa voix (
La Fontaine,
Fables, II, 19);
3. 1176-81 « agitation, trouble de l'âme, de l'esprit » (
Chrétien de Troyes,
Chevalier au lion, éd. M. Roques, 2946: Li osterons nos de la teste Tote la rage et la
tempeste);
4. fin
xives. « troubles dans un État, tourmente politique » (
Eustache Deschamps,
Miroir de mariage, 11570 ds
Œuvres, éd. Queux de St-Hilaire, t. 9, p. 372). D'un lat. vulg. *
tempesta (
viies.
Gl. de Reichenau), fém. subst. de l'adj. b. lat.
tempestus, synon. de
tempestivus « opportun; précoce » (
viiies. P.
Diaconus ex Festo, 499, 6 ds
Ern.-
Meillet,
s.v. tempus II:
tempesta, tempestiva). *
Tempesta semble avoir assumé les sens du class.
tempestas « époque, moment; temps qu'il fait; mauvais temps, tempête, orage », fig. « trouble, malheur, calamité [tempestas populi; querelarum; invidiae] ».
Cf. 1. le subst. masc. a. fr.
tempest « orage, tempête » (
ca 1100
Roland, éd. J. Bédier, 2534), fig. « douleur, malheur » (
ca 1220
Gui de Cambrai,
Barlaam et Josaphat, 105 ds T.-L.), issu d'un subst. lat. vulg. *
tempestus, forme masc. de *
tempesta; 2. le subst. fém. a. fr.
tempesté « tempête » (1119
Philippe de Thaon,
Comput, 1914,
ibid.), issu de
tempestatem, acc. de
tempestas, -atis;
cf. aussi 3. le subst. masc. a. fr.
tempier « tempête » (
ca 1150
Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 645), « douleur, malheur » (
ca 1200
Raimbert de Paris,
Ogier le Danois, 10060 ds T.-L.) , issu du lat. vulg. *
temperium, formé sur
(in)temperies (
intempérie*), lui-même dér. de
temperare, mais directement rapproché de
tempus (
Ern.-
Meillet,
s.v. temperare ;
Thomas [A.]
Nouv. Essais, p. 115).