TE, T', pron. pers.
Étymol. et Hist. Pron. pers. atone de la 2
epers. du sing.
I. A. 1. régime dir.
a) fin
xes. (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 305: nos
te laudam; 359: Nos
te praeiam);
ca 1050 (
St Alexis, éd. Chr. Storey, 490: si
t'oüsse guardet);
id. enclitique
net [ne te];
jat [ja te] (
ibid., 360; 453);
b) compl. d'un inf. dépendant lui-même d'un verbe à un mode pers.,
te précède ce dernier verbe; fin
xes. placé entre l'inf. et le verbe (
Passion, 68: salvar
te ving);
ca 1050 en tête du groupe verbal (
St Alexis, 134: ne n'en sai la contrede U
t'alge querre; 153: Ja n'avras mal dunt
te puisse guarir);
2. régime indir., 2 compl. se rapportent au même verbe
a) fin
xes.
te précède le régime dir. [dém. neutre] (
Passion, 56: non
t'o permet tos granz orgolz; 188; 299);
ca 1050
id. [indéf.] (
St Alexis, 224: tut
te durai);
id. subst. (
ibid., 393: Malvaise guarde
t'ai fait);
b) α) 1174-87
te suit le régime dir. pron. pers. de la 3
epers. (
Chrétien de Troyes,
Perceval, éd. F. Lecoy, 1373: Ces armes, qui les
te bailla?); 1176 (
Id.,
Cligès, éd. A. Micha, 690: Comant le
t'a il tret?);
β) fin
xiies.
te précède ce pron.; enclise (
Prise d'Orange, éd. Cl. Regnier, réd. AB, 1280: Pris a Guillelme, ne
tel celerai mie);
ca 1200 (
Jean Bodel,
Jeu de St Nicolas, éd. A. Henry, 798).
B. Élément du verbe pronom. non réfl.;
te placé devant le verbe de la 2
epers.
ca 1050 (
St Alexis, 417: Filz,
t'es deduit par alïenes terres!).
II. Place de
te A. phrases jussives
1. te placé devant le verbe
a) fin
xes. verbe au subj. de souhait à visée de commandement [enclise] (
Passion, 295: De me
t membres);
b) α) ca 1050 verbe à l'impér. précédé de
car (
St Alexis, 52: Filz, quar
t'en vas colcer);
ca 1100 (
Roland, éd. J. Bédier, 3589, 3892);
β) ca 1276
id. précédé d'une nég. (
Adam de La Halle,
Jeu de la Feuillée, éd. E. Langlois, 273: Ne
t'en caut);
id. te placé devant l'inf. compl. d'un verbe à l'impér. (surtout, semble-t-il dans le domaine pic.) (
ibid., 363: Biaus niés, va
te sir);
c) ca 1170 verbe à l'inf. constituant une prop. indép. de défense (
Rois, éd. E. R. Curtius, I, 4, 20, p. 11: Ne
te tamer);
2. te placé apr. l'impér., fréq. lorsque ce qui suit le pron. est étroitement lié au verbe (fréq., semble-t-il dans les textes pic.; v.
Ménard Synt.,40, rem. 2);
Foulet,169;
cf. toi II B 1 a) 1174-76 (
Guernes de Pont-
Ste-Maxence,
St Thomas, éd. E. Walberg, 1221: Reis, purpense
te mielz); 1205-50 (
Renart, éd. M. Roques, 5545: « Isengrin, fui te... »);
ca 1210 (
Raoul de Houdenc,
Meraugis, 2145 ds T.-L.: met
t'a la voie!);
ca 1274 (
Adenet le Roi,
Berte, éd. A. Henry, 2143: Tais
te, vielle).
B. À partir du
xiies.,
te peut se placer en tête de prop. apr. un subordonnant [
cf. toi II A 1 b]
ca 1160 (
Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 9076: faire tel samblant d'amor dont
te repentes aucun jor);
ca 1170 (
Rois, I, 10, 8, p. 19: fai ço que
te plaist).
C. Id. régime de verbe unipers. sans support de
il, te se place apr. le verbe [
cf. toi II A 2 a] (
ibid., II, 2, 1, p. 62: Plaist
te sire, que je en alge...?).
D. Ca 1190 dans une phrase interr.,
te peut se placer devant le pron. suj. (
Renart, 8863: Renart, viaus
te tu confesser?). Du lat.
te « toi » acc. de
tu (v.
tu) en position atone.