TASSE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. 1360-68 « récipient servant à boire » (
Inventaire des joyaux de Louis, Duc d'Anjou, n
o557 ds
Laborde: une
tassegrande);
2. 1547 « contenu de ce récipient » (
Noël Du Fail,
Propos rustiques, éd. A. J. Assézat, t. 1, p. 6: on offroit une pleine
tasse de vin à la compaignie);
3. a) [1793 expr.
boire à la grande tasse « se noyer » (parole d'un bourreau rapportée ds G. Lenôtre,
Les Noyades de Nantes, p. 126: il n'en a pas besoin [d'un verre d'eau] ... il va boire à la grande
tasse)] 1794 (L. A.
Pitou,
Tableau de Paris, en vaudeville, n
o5, p. 39 ds
Quem. DDL t. 38: ils auraient bu
à la grande tasse); 1796
boire à la grande tasse « se noyer dans la mer » (
Le Néologiste fr. ds
Frey, p. 240); 1844 arg.
la grande tasse (
Dict. arg. « Myst. Paris », p. 96: le balancer dans la grande
tasse [le Canal Saint-Martin]); 1847
la grande tasse « la mer » (
Dict. de l'arg., p. 203);
b) 1913 expr.
boire la tasse « se noyer, manquer de se noyer » (
Romains,
Copains, p. 221); 1928
boire une tasse, la tasse (
Bauche, p. 251). Empr. à l'ar.
ṭāsa, ṭassa « coupe, tasse, écuelle », lui-même empr. au persan
tašt « tasse, soucoupe » (
Lok. n
o2044;
Z. der deutschen Morgenländischen Gesellschaft t. 50, p. 645;
Buck n
o5, 35). Le mot est très prob. parvenu en fr. par l'intermédiaire du prov. et/ou de l'ital.:
cf. prov.
tassa (1344 ds S.
Sguaitamatti-
Bassi,
Les Empr. dir. faits par le fr. à l'ar. jusqu'à la fin du XIIIes., p. 153), ital.
tazza (
xives. ds
DEI); esp.
taza (1272 ds
Cor.-
Pasc.), lat. médiév. en domaine prov.
tassa, tassia (resp. 1337 et 1352 ds
Du Cange) et en domaine ital.
tassia (1274 ds
Du Cange, 1318 ds
Pellegr. Arab., p. 112); au sens 3 a, expr. répandue à la suite des noyades de Nantes (1793-94),
cf. Brunot t. 9, p. 885.