TAS, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. a) α) Ca 1155 « amas » (
Wace,
Brut, 3411 ds T.-L.: Des ocis asemblout grant
tas);
β) ca 1155
el tas « dans le grand nombre de gens en question » (
Id.,
ibid., 8484,
ibid.);
b) α) ca 1160
ferir a tas « frapper fort » (
Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave
2, 5673);
β) ca 1174
a tas « en grande quantité » (
Guernes de Pont-
Ste-
Maxence,
S. Thomas, App. I, 8 ds T.-L.: Or lu duinst Deus tuzdis
a tas pain e char e peisun);
2. a) α) 1565
tailler (la pierre) sur le tas (
Laborde,
Comptes des bâtiments du Roi, t. 2, p. 112; déjà att. en 1460, comme terme de maçonn., au sens de « assise » dans un doc. de Tournai, v.
Gdf. Compl.);
β) 1567 [éd.]
tas de charge (
Delorme,
Premier t. de l'archit., Paris, F. Morel, fol. 107 v
o);
b) α) 1872
mettre une fille sur le tas « lui faire faire du racolage » (d'apr.
Esn. 1966);
β) 1872
prendre (qqn) sur le tas « prendre (quelqu'un) en flagrant délit » (
Larch., p. 227);
γ) 1901
au tas! « au travail! » (
Bruant,
s.v. travail).
B. 1. Ca 1260 « petite enclume d'acier » (
Etienne Boileau,
Métiers, éd. G.-B. Depping, p. 58, v. note 2);
2. 1723 « matrice métallique des fabricants de boutons » (
Savary d'apr.
FEW t. 17, p. 317a). Étymol. incertaine.
FEW t. 17, p. 320b rattache le mot à un a. b. frq. *
tas « amas », corresp. au m. néerl.
tas « id.; foule », m. b. all.
tas « endroit où l'on entasse le blé ». H.
Meier (
Neue lat.-rom. Etymologien, Bonn, 1980, pp. 102-107) rejette l'hyp. d'un étymon germ. à cause de la diversité des sens des différents représentants du gallo-rom.
tas et de leur répartition géogr. Selon lui, les parlers gallo-rom. postulent un étymon ayant à la fois les sens de « rangement », « entassement » et « alignement », plutôt que celui, plus gén., de « amas ». Cet étymon pourrait être un mot de la famille du lat.
stare « se tenir debout ».