TAPER1, verbe
Étymol. et Hist. I. Trans.
A. 1. a) ca 1200 « donner des petites tapes, tapoter, cajoler quelqu'un » (
Raimbert de Paris,
Ogier le Danois, 8558 ds T.-L.);
b) ca 1225 « frapper quelqu'un » ici, fig. (
Gautier de Coinci,
Miracles Vierge, éd. V. F. Koenig, II Mir. 30, 711, t. 4, p. 404);
2. 1866 fam. « emprunter de l'argent à quelqu'un »
taper son patron de vingt francs (
Delvau, p. 370).
B. 1. 1306 « frapper quelque chose, de la main ou avec tout autre chose »
les gens ... les destriers des eperons tapent (
Guillaume Guiart,
Royaux Lignages, éd. N. de Wailly et L. Delisle, 16711);
2. 1671
taper les cheveux « les relever, les gonfler » (M
mede Sévigné,
Corresp., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 221);
3. a) 1676 peint. « coucher les blancs d'apprêt pour la peinture et la dorure » (
Félibien);
b) 1749 « exprimer (des figures) d'une manière hardie et négligée » (
Oudry,
Conf. Jouin, p. 390 ds
Brunot t. 6, p. 783, note 3);
c) 1859 « introduire la peinture à petits coups de brosse dans les creux de l'objet à peindre » (
Bouillet);
4. 1869 « exécuter médiocrement sur un instrument de musique à clavier »
taper une valse (
Flaub.,
Éduc. sent., t. 2, p. 14 [1839 trans. indir.
le piano dont elle a tapé exécrablement (
Barb. d'Aurev.,
Memor. 2, p. 396)]);
5. 1874 « heurter plus ou moins fortement avec un instrument quelconque »
taper les verres du manche du couteau (
Zola,
Conquête Plassans, p. 1108);
6. 1923 « écrire au moyen d'une machine »
réponses au courrier d'hier soir qu'il m'a données à taper (
Flers,
Caillavet,
M. Brotonneau, I, 2, p. 3 [1921 intrans.
taper sur sa machine à écrire (
Chardonne,
Épithal., p. 340)]);
7. 1947
taper une belote (
Fallet,
Banl. Sud-Est, p. 33 [1859
taper sur des tables de marbre de petits os de mouton, marqués de points (
Flaub.,
MmeBovary, t. 1, p. 9)]).
II. Intrans.
1. xiiies. « donner des coups, frapper avec la main ou avec un instrument »
tape et bote (
Isopet Lyon, XXX, 13 ds
Rec. gén. des Isopets, éd. J. Bastin, t. 2, p. 131); 1689
taper du pied (M
mede Sévigné,
op. cit., p. 488);
2. a) fin
xives. « monter à la tête (en parlant du vin) » (
Eustache Deschamps,
Chartes et commissions, MCCCCI, 10-11 ds
Œuvres compl., éd. G. Raynaud, t. 7, p. 332: la force du vin qui en cervel les ot
tappez);
b) fin
xives. « (du soleil) donner beaucoup de chaleur » (
Froissart d'apr.
FEW t. 13, p. 97a); 1942
ça tape (
Camus,
Étranger, p. 26);
3. a) 1725
taper sur qqn « lui donner des coups » (
Du Cerceau,
Les Deux cousins, II, 9 ds
Littré);
b) au fig. 1844 « critiquer quelqu'un » (
Balzac,
Paysans, p. 41); 1862
taper sur le ventre à qqn « le traiter familièrement » (
Hugo,
Misér., t. 1, p. 782: il
tapait sur le ventre aux catastrophes; il était familier avec la fatalité);
4. 1836
taper sur le pichet « se servir largement de vin » (
Chansonnier ds
Larchey,
Excentr. lang., 1865, p. 306); 1902
taper dans « puiser largement dans, se servir largement de quelque chose »
tapez dans le tas (Ch. L.
Philippe,
Père Perdrix, I, II ds
Rob. 1985);
5. 1859
taper dans l'œil à qqn « lui plaire » (
Ponson du Terr.,
Rocambole, t. 1, p. 144);
6. 1868
taper sur les nerfs (
Sand,
MlleMerquem, p. 145: il me
tapait si bien
sur les nerfs, avec ses airs de protection);
7. a) 1890 « qui fait entendre un bruit » en partic.
tapant part. prés. adj. « se dit d'une heure au moment précis où elle sonne »
onze heures tapantes (
Bourget,
Physiol. amour mod., p. 196);
b) 1937
le moteur tape (
Malraux,
Espoir, p. 618).
III. Pronom.
1. a) 1776
se taper qqc. « s'offrir quelque chose » (
Collé,
La partie de chasse de Henri IV, 76 ds
Quem. DDL t. 38); 1915
se taper la cerise avec une bonne soupe (
Benjamin,
Gaspard, p. 32); 1919
se taper la cloche, se la taper (
Dorgelès,
Croix de bois, p. 113 et p. 32);
b) 1928
se taper une femme (
Lacassagne,
Arg. « milieu », p. 195 [fin
xviies.
taper une femme ds
Cellard-
Rey;
cf. 1789, A.
de Nerciat,
Le Diable au corps, p. 138,
ibid.]);
2. a) 1846
se taper le front et se ronger les ongles « se trouver dans une situation difficile » (
Sainte-
Beuve,
Pensées, p. 32); d'où 1945
se taper la tête contre les murs (
Triolet,
Prem. accroc, p. 137);
b) 1880
se taper le cul par terre (pop. ds
Esn. 1966);
3. 1905
se taper qqc. (de désagréable) « être contraint de le faire »
se taper des lieues (sold.,
ibid.);
4. 1894 « se trouver frustré de quelque chose » (
Bloy,
Journal, p. 359: les pauvres, cela s'entend, peuvent
se taper);
5. 1928 « se moquer; ne pas se soucier de » (
Lacassagne,
op. cit., p. 193). Dér. du rad. onomat.
tapp- qui évoque un bruit bref et sourd; dés.
-er.