TALON, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. 1155 d'une personne (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 9580);
ca 1170 (
Rois, II, XIII, 18, éd. E. R. Curtius, p. 81: La meschine fud vestue de une gunele ki li batid al
talun); 1176-81 (
Chrétien de Troyes,
Chevalier de la charrette, éd. M. Roques, 2323: Tantost qu'il furent anz antré, Si lor lessierent avaler [...] Une porte apres les
talons);
ca 1200
torner le talon « s'en aller » (
Renart, éd. E. Martin, XI, 1309);
ca 1223
torner les talons a aucun fig. « se détourner de » (
Gautier de Coinci,
Miracles, éd. V. Fr. Koenig, II
Pr 1, 337);
ca 1330
monstrer les talons a aucun « s'enfuir » (
Girart de Roussillon, 86 ds T.-L.);
2. a) 2
emoit.
xiiies. « partie postérieure de l'ongle du cerf » (
Chace dou cerf, 89 ds T.-L.,
s.v. esponde);
b) fin
xiiies. [ms] « orteil de derrière d'un oiseau de chasse » (Ms. Oxford Bodl. Digby 86, fol. 52 d'apr. G.
Tilander,
Glanures lexicogr., Lund, 1932, p. 252);
3. a) 1530 « pièce de cuir servant à renforcer la partie de la chaussure couvrant le talon » (
Palsgr., p. 206 b:
Cloute of a sho − ung
talon; ung devant; ung debout); 1611 « partie de la chaussure couvrant le talon »
talon d'un soulier (
Cotgr.);
b) 1680 « morceau de bois, ensemble de lamelles de cuir ajoutées à la semelle à l'endroit où repose le talon » (
Rich.); 1758, 4 déc.
petits maîtres français en talons rouges (
Voltaire,
Lettre au marquis Albergati Capacelli ds
Corresp., éd. Th. Besterman, t. 19, p. 268); 1771 [1
reéd. 1741] p. métaph.
nos talons rouges (
Gaudet,
Bibl.
des Petits-maîtres, 4 ds
Brunot t. 6, p. 1102, note 6);
c) 1690 « partie du bas qui couvre le talon » (
Fur.), rare av. 1832 (
Raymond).
B. 1.1573 « partie du gouvernail qui trempe dans l'eau » (
Dupuys); 1606
talon de gouvernail (
Nicot); 1643 « extrémité de la quille du navire du côté de l'arrière » (
Fournier Hydrographie, p. 13);
b) 1621 « le tiers du tranchant d'une lame d'épée le plus près de la garde » (C.
Oudin,
Tesoro de las dos lenguas fr. y esp., Paris, P. Billaine,
s.v. tercio postremo de la espada);
2. 1676 (
Félibien, p. 747: en terme d'archit. c'est un petit membre composé d'un filet quarré et d'un symaise droite);
3. 1645 terme de jeu « cartes qui restent après la distribution » (C.
Oudin,
Seconde partie des Recherches esp. et fr.);
4. 1694 « dernier morceau de quelque chose »
talon d'un pain, d'un fromage (
Ac.);
5. 1835
talon de souche (
Ac.). Du lat. vulg.
talo, -onis (class.
talus « osselet du paturon de certains animaux, qui servait à jouer aux osselets »; « (chez l'homme) astragale » puis, p. ext. « cheville » et « talon ») relevé au
xes. (
CGL t. 3, p. 605, 18:
usque ad genua et talones).