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TÉMOIN, subst. masc.
Étymol. et Hist. I. A. 1. Ca 1165 « ce qui sert de preuve, document » (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 16: Qui les estoires d'Engleterre Vauroit bien cerkier et enquerre [...] On troveroit a saint Esmoing [monastère de Suffolk]; Se nus en demande tesmoing, La le voise querre s'il veult); 1176-81 « preuve matérielle » (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 1349: S'il n'en a tesmoing et garant Que mostrer puisse a parlement); 2. ca 1170 « ce qui sert de preuve, témoignage » a tesmoing de (aucun) « au témoignage de » (Id., Erec, éd. M. Roques, 5854); 1174-84 p. ell. tesmoing [aucune rien] « à preuve..., comme en témoigne... » (Id., Perceval, éd. F. Lecoy, 7429: tuit li gon et les verdeles Furent d'or fin, tesmoing l'estoire); 1176-81 porter le faus tesmoing (Id., Chevalier au lion, 4398); ca 1220 traire aucun a tesmon (Comte de Poitiers, 424 ds T.-L.); 1222-23 terme de chancellerie (doc. éd. M. Gysseling ds Scriptorium t. 3, 1949, p. 200: El tesmoig de mes homes ki i furent [énumération]). B. 1. 1260 « échantillon d'une marchandise » (Étienne Boileau, Métiers, éd. G. B. Depping, p. 22: un borgois [...] livre le tesmoing de son grain pour vendre); 2. 1676 « élévation de terre qu'on laisse pour indiquer la hauteur des terres enlevées tout autour » (Félibien, p. 749); 3. 1690 terme de relieur (Fur.); 4. id. « marque laissée par un arpenteur sous les bornes d'une terre pour s'assurer par la suite qu'elles n'ont pas été déplacées » (ibid.); 5. 1803 « défaut de la tonte d'un drap » (Boiste); 6. 1884 biol.; empl. en appos. chien témoin [dans des expériences sur la rage] (Année sc. et industr., 1885, p. 409 d'apr. Rob. 1985); 7. 1935 archit. (Ac.). II. 1. 1176 « personne qui a vu, entendu quelque chose et peut le certifier » (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 6594: Car de chose qui ne fust voire Et que il de fi ne seüst Tesmoing ne messagiers ne fust); 2. 1erquart xiiies. « celui qui est appelé à témoigner en justice » (Renclus de Molliens, Carité, 138, 6 ds T.-L.: Chou est assés selonc le loi [cf. Deut. XVII, 6; Matth. XVIII, 16] Ki dous tesmoins o soi amaine); 1283 faus tesmoins (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 869); 3. 1543 « celui qui voit quelque chose, en est spectateur » (Cl. Marot, trad. Ovide, Métamorphoses, II, 850 ds Œuvres, éd. C. A. Mayer, t. 6, p. 194: loing de nous [...] Sont à présent regardeurs et tesmoings; Je suis d'advis [...] Qu'en ce beau lieu nous baignons toutes nues); 4. 1667 « celui qui se trouve là où se passe quelque chose » (Racine, Andromaque, IV, 6). Du lat. testimonium « témoignage, déposition, attestation; preuve, témoignage » à l'époque class.: à basse époque « témoin » (fin ives. Peregr. Aetheriae, 45, 4: si quis autem peregrinus est, nisi testimonia habuerit qui eum noverint...), v. Löfstedt, p. 332. Cf. l'empr. a. fr. testimonie « témoignage, preuve » (1remoit. xiies., Psautier d'Oxford, 118, 88 ds T.-L.), testemoingne « réputation » (1160-74, Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 836).