SYPHILIS, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1659
syphilis, siphilis (
Lettre de Guy Patin ds
FEW t. 11, p. 653b-654a, note 1). Empr. au lat. de la Renaissance
syphilis, mot créé par l'humaniste ital. Fracastoro de Vérone qui a publié en 1530 un poème intitulé
Syphilidis seu morbi gallici libri tres. L'opinion la plus répandue veut que la
syphilis soit une maladie d'orig. amér., apparue à la fin du
xves. Sa première et importante diffusion a eu lieu parmi les soldats de Charles VIII qui assiégeaient Naples (1494), d'où le nom de
mal de Naples sous lequel elle fut connue en fr. (v.
FEW t. 7, p. 9,
s.v. Naples;
grayne de Naples, 1496,
André de La Vigne,
Mystère Saint Martin, éd. A. Duplat, 2269;
malle grayne,
id., 63; aussi appelée
bubon, pouplain). Les rivalités pol. aidant, chaque peuple a accusé un voisin de lui avoir transmis ce fléau:
cf. esp.
el mal francés, ital.
il mal francese, all.
die Franzosen, angl.
the French disease (dès 1503,
the Frenche pox, v.
NED). Pour célébrer la découverte du remède tiré de la plante médicinale appelée
le gaïac, Fracastoro raconte l'aventure du jeune berger amér.
Syphilus qui entraîne le peuple à la révolte contre le dieu du soleil. Apollon se venge en le frappant ainsi que tout son peuple d'un mal redoutable dont la nymphe Ammerica leur donnera le remède (le gaïac). Fracastoro a puisé chez Ovide le nom de son berger et le thème de la vengeance d'Apollon: Sipylus est, chez
Ovide, Métamorphoses, VI, 231, le nom du fils aîné de Niobé, qui est né près du mont Sipylus en Lydie. Qq. mss d'Ovide portent la var.
siphylus, d'où Fracastoro aurait tiré
Syphilus, nom du jeune berger amér.
Syphilis est non seulement le titre du poème mais aussi le nom de la maladie même, et a été formé p. anal., avec
Aeneis, Thebais, etc. pour désigner le « poème de Syphilus », tout comme
Aeneis est le poème d'Enée. (
FEW t. 11, p. 653).