SUSPECT, -ECTE, adj. et subst.
Étymol. et Hist. A. En parlant d'une chose
1. 1311
suspet « qui prête au soupçon » (
Cart. de Ponthieu, Bibl. nat. lat. 10112, fol. 46 v
ods
Gdf. Compl.); 2
emoit.
xives. (
Poème sur le grand schisme, 60, 1, éd. P. Meyer et N. Valois ds
Romania t. 24, 1895, p. 217: Mentir en une loy si fait la loy
suspecte); 1636
lettres suspectes de tromperie (
Monet);
2. a) 1572 méd. « que l'on soupçonne d'être infecté, dangereux » (
Paré,
Œuvres, VII, 3, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 1, p. 432 b: la playe est
suspecte et très-difficile à guerir);
b) 1694
lieu, pays suspect de contagion, de peste (
Ac.); 1718
lieu, pays suspect (
ibid.).
B. En parlant d'une pers.
1. xives. [ms.] « dont l'attitude prête au soupçon »
tenir aucun a suspech (
Droit de la cort li rois d'Alam., ms. Berne A 37, fol. 17 d ds
Gdf. Compl.); 1
remoit.
xives. [
id.]
(
Enseign. Arist., ms. Berne 365, fol. 113 v
o,
ibid.); 1636
suspect de trahison (
Monet); spéc.
2. 1789 pol.
hommes suspects à la Nation (
Journal de Paris, 2 août, n
o214 d'apr. J.-L.
Matharan in Dict. des usages socio-pol. 1, 1985, p. 191); 1793 subst. (doc. 5 juin,
ibid., p. 208);
3. av. 1855 domaine judiciaire (
Nerval,
Fragments des Faux-saulniers, VII ds
Œuvres, éd. A. Beghin et J. Richer, t. 1, 1960, p. 453: si même il est reconnu innocent, il [l'homme soupçonné] demeure toujours
suspect). Empr. au lat.
suspectus (part. passé de
suspicere « regarder de bas en haut; soupçonner », très rare en ce sens, celui-ci étant couramment assumé par le déponent
suspicari) « soupçonné, suspect (en parlant d'une pers.) ». L'a. fr. connaît une forme pop.
sozpis, suspiz « suspect » (
xiiies.
Macchab., II, 4, Maz. 54; et fin
xiiies.
De S. Remi, Bibl. nat. fr. 20330, fol. 27 d ds
Gdf.);
cf. aussi l'a. prov.
sospeit (1200 ds
Levy Prov.).