SUPERSTITION, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. a) 1375 [éd. 1486] « déviation du sentiment religieux, fondée sur la crainte ou l'ignorance, et prêtant abusivement un caractère sacré à des croyances, pratiques » (
Raoul de Presles,
Cité de Dieu, IV, 30 ds
Gdf. Compl.: faulses oppinions et obscures [...]
vieilles supersticions);
b) 1549 « scrupule, excès d'attachement (à quelque chose) » (
Du Bellay,
Deffence et Illustration, éd. H. Chamard, p. 91);
2. 1690 « vain présage que l'on tire de certains accidents fortuits » (
Fur.). Empr. au lat.
superstitio « attitude de crainte ou de crédulité irrationnelle; croyance ou pratique religieuse non orthodoxe », dér. de
superstare « se tenir au-dessus » (
cf. superstes, -itis « ce qui subsiste (après la bataille); ce qui perdure ») qui explique les sens anc. de
superstitiosus « devin, prophétique » et
superstitio « présence, don d'omniprésence (du devin) »; le passage au sens class. se serait produit sous l'infl. de
religio/
religiosus dont
superstitio/
superstitiosus seraient devenus les anton. (v.
R. Ét. lat. t. 16, p. 35 et
Ern.-
Meillet),
cf. lat. chrét.
superstitio « pratique religieuse contraire aux usages reçus, pratique contraire aux canons, croyance païenne » (v.
Blaise Lat. chrét.).