SUFFIRE, verbe trans. indir. et pronom.
Étymol. et Hist. I. A. 1. 1160
sofire « constituer la quantité nécessaire » (
Eneas, 7103 ds T.-L.);
ca1260
souffire a + inf. « être de nature satisfaisante pour un certain but » (
Etienne Boileau,
Livre des métiers, éd. G.-B. Depping, p. 225); absol. 1370 (N.
Oresme,
Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 530: Et donques savoir parler de vertu ne
souffist pas);
2. 1549 « être l'élément de satisfaction » (
Est.: cette parole que tu me dit ne me
suffit point, ne me satisfait point).
B. 1. Ca mil.
xves. « être la personne capable d'assumer une tâche » (
Myst. de S. Bernard, 2521 ds
Gdf. Compl.);
2. 1555 « constituer l'élément déterminant pour obtenir un résultat » (
Ronsard,
Continuation des Amours, éd. P. Laumonier, t. 7, p. 121: Si Echon ne
sufist, le changeront en cigne).
II. Verbe impers.
1. a) 1370
il suffit que + subj. (N.
Oresme,
op. cit., p. 539: il leur
souffist asséz que ilz ne soient pas ignorans);
b) 1405
il suffit + inf. (
Eustache Deschamps,
Chançons Royaulx, éd. Queux de Saint Hilaire, t. 3, p. 2: il me
suffist de couchier en ma mue);
c) 1619
il suffit que + ind. (H.
d'Urfé,
L'Astree, t. 3, p. 182);
2. 1530
il suffit (
Palsgr., p. 743); 1672
suffit (
Molière,
Femmes savantes, 1084);
3. 1656
il suffit d'un (suivi d'un nom) (J.
Chapelain,
La Pucelle, p. 80: mais il ne
suffit pas d'une seule victoire pour...).
III. Empl. pronom.
1. 1655 (G.
de Brebeuf,
La Pharsale de Lucain, t. 3, p. 51: peut sans autre soutien
se suffire luy-mesme);
2. empl. réciproque 1761
se suffire l'un à l'autre (J.-J.
Rousseau,
Héloïse, I, 45 ds
Littré). Du lat.
suffĭcĕre « mettre au-dessus ou à la place », « suppléer » puis « fournir », à l'intrans. « se placer dessous », c'est-à-dire « être capable de supporter » d'où « suffire à », comp. du préf.
sub- marquant la position inférieure et
facere « faire ». La forme
soufire, qui repose sur un lat. pop. *
suffι
̄cere, due à l'allongement de
ĭ
en
ι
̄
sous l'infl. de verbes comme
dicere, a été ensuite relatinisée en
suffire, d'abord de façon isolée au
xives. (
supra II 1), puis régulièrement à partir du
xvies.