SOUVENIR1(SE), verbe
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 impers.
suvenir a (qqn de qqc) « avoir en mémoire quelque chose » (
Roland, éd. J. Bédier, 3488: De grant dulor li poüst
suvenir);
ca 1140
sovenir (
Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 625: unc ne lur en
sovint);
2. a) ca 1265 mode personnel, le sujet est un inanimé (
Brunet Latin,
Trésor, éd. F. J. Carmody, p. 30: Mais de la beatitude ne
se sovient ele [la mémoire] par ymagination, mais par lui meisme);
b) ca 1265 le sujet est une personne (
Id.,
ibid., p. 321), d'abord rare, l'empl. pronom. se répand au
xvies.
B. 1. Ca 1130-40 avec valeur d'acte volontaire « évoquer, rappeler à sa mémoire » (
Wace,
Sainte Marguerite, éd. E. A. Francis, A, 650: Qui en jugement mis sera Et de mon non li
souvenra, Par mon non li fai ensement Que mal n'ait par faus jugement);
2. a) 1176-81 impér. « graver dans sa mémoire » (
Chrétien de Troyes,
Chevalier lion, éd. M. Roques, 1335: soiez por vos an cusançon, et de mon consoil
vos soveigne);
b) ca 1500 avec valeur de menace (
Commynes,
Mémoires, éd. J. Calmette, t. 3, p. 190:
Souviengne vous de Guynegate!).
C. Ca 1250
faire souvenir (qqn de qqc.) (
Robert de Blois,
Œuvres, III, 122, 1292 ds T.-L.). Du lat.
subvenire (de
sub « sous » et
venire « venir ») « survenir, se présenter à l'esprit (en parlant d'idées) » (v.
OLD), ext. du sens originel « survenir, venir subrepticement », qui a donné par ailleurs le sens de « venir en aide, secourir » (v.
subvenir); le passage du mode impers. au mode pers. s'est effectué aux
xiieet
xiiies. pour la plupart des verbes qui en a. et m. fr. rendaient compte du concept de « se souvenir »,
s'amembrer de qqc. (
ca 1165, v. K.
Brademann,
Die Bezeichnungen für den Begriff des « Erinnerns » im Alt-und Mittelfranzösischen, p. 123),
se membrer de (1160-74,
ibid., p. 66), puis
se remembrer de, se ramembrer de, se racorder (
xiiies.,
ibid., pp. 83, 107, 134), mots qui ont disparu aux
xvie-
xviies. au profit de
souvenir et
rappeler (v. aussi K.
Baldinger,
Vers une sém. mod., pp. 136-167).