SOULEVER, verbe trans.
Étymol. et Hist. A. Verbe trans.
1. a) ca 1050
suzlever « lever, soulever » (
Alexis, éd. Chr. Storey, 346); 1835
soulever le voile (
Ac.);
b) ca 1150 « lever une chose à une faible hauteur, au-dessus de son point d'appui » (
Conte de Flore et Blancheflor, éd. J. L. Leclanche, v. 1091);
c) ca 1160 « lever vers le haut une partie du corps » (
Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 6464);
2. 1210-30 « faire lever, s'élever » (
Guillaume le Clerc,
Ste Marie Madeleine, éd. A. Schmidt, 281); 1660
soulever l'estomac, faire soulever le cœur (propre et fig.) (
Oudin Fr.-Esp., p. 495); 1769
soulever le cœur « provoquer des nausées » (
Voltaire,
Lettres d'Amabed, 13elettre, éd. R. Pomeau, p. 547);
3. ca 1170 fig. « animer, exalter » (
Chrétien de Troyes,
Erec et Enide, 2606 ds T.-L.); 1749
être soulevé (d'indignation, de colère) (
Voltaire,
Nanine, I, 1 ds
Littré);
4. 1642 « animer de sentiments hostiles, exciter la colère de quelqu'un » (
Corneille,
Pompée, V, 4); 1669
soulever qqn contre soi (
Racine,
Britannicus, V, 1); 1908
soulever l'opinion (
Rolland,
J.-Chr., Foire, p. 718);
5. 1835 « être cause de, faire naître » (
Ac., s.v. difficulté); 1839
soulever de grandes réflexions (
Nerval,
Corresp., p. 70);
6. a) 1400 « séduire, enlever une femme » (
Trésor des Chartes, reg. 155, ch. CXII, cité ds
Du Cange,
s.v. sublevare);
b) 1790 « voler » (
Jean Bart, n
o100, p. 4 ds
Quem. DDL t. 19,
s.v. enculeur).
B. Verbe intrans. 1228
li cuers l'en souslieve (
Jean Renart,
Guillaume de Dole, éd. F. Lecoy, 4469).
C. Verbe pronom.
1. 1174-80 « se lever; s'élever légèrement » (
Chrétien de Troyes,
Perceval, éd. F. Lecoy, 3102);
2. 1559 « se révolter, s'insurger » (
Amyot,
Lyc., 59 ds
Littré);
3. 1654
notre cœur se soulève « avoir la nausée » (
Cyrano de Bergerac,
Lettres div., p. 28). Formé de
sous* et
lever* d'apr. le lat.
sublevare « soulever, lever, exhausser ».