SORT, subst. masc.
Étymol. et Hist. I. 1. a) Fin
xes. « puissance imaginaire supposée fixer le cours de la vie; hasard »
sort en gitad « tirer au sort; jouer pour faire un partage » (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 270);
b) 1833 dans un juron, une exclamation marquant le dépit, la colère, l'étonnement
tripaillon de sort (
Vidal, Delmart,
Caserne, p. 147); 1872
coquin de sort! (A.
Daudet,
Tartarin de T., p. 1);
2. ca 1120 « ce qui échoit, ce qui doit arriver à quelqu'un du fait du hasard, des circonstances; destin, fortune » (
Psautier Oxford, 30, 18 ds T.-L.);
3. a) ca 1120
sorz jeterent « recourir aux dés pour prendre une décision » (
Philippe de Thaon,
Bestiaire, 2467,
ibid.); 1609 fig.
le sort en est jeté (
Malherbe,
Poésies, XXXII, 41 ds
Œuvres compl., éd. L. Lalanne, t. I, p. 135);
b) 1752 « mode ancien de recrutement des armées »
tirer au sort pour la milice (
Trév.,
s.v. tirage);
4. 1330 « fonds qui a été placé en rente, capital » (12 janv.,
Ord., II, 60 ds
Gdf.); 1559
sort principal (
Amyot,
Caton, 45 ds
Littré);
5. a) 1546 « condition matérielle et sociale d'une personne » (
Rabelais,
Tiers Livre, éd. M. A. Screech, Prologue, p. 15); 1561 « destination finale, issue imposée par le hasard » (J.
Grevin,
César, éd. L. Pinvert, p. 44);
b) 1604
le sort des armes (
Montchrétien,
David, acte IV ds
Tragédies, éd. L. Petit de Julleville, p. 226);
c) 1827
faire le sort à qqc. « fait valoir quelque chose; satisfaire » (
Hugo,
Cromwell, Paris Hetzel Quantin, 1881, V, 5, p. 465);
cf. 1883
faire un sort à chaque syllabe (
Fustier,
Suppl. dict. Delvau, p. 552); 1896
faire un sort à qqc. « l'utiliser à son profit » (
Delesalle,
Dict. arg.-fr. et fr.-arg., p. 272).
II. 1. a) Ca 1100 « parole, regard, maléfice qui, selon une croyance supersticieuse, peut produire des effets extraordinaires et presque toujours malfaisants » le plus souvent au plur. (
Roland, éd. J. Bédier, 3665); en partic. 1165 au sing. (
Benoît de Ste-
Maure,
Troie, éd. L. Constans, 28792); 1807
mauvais sort (
Staël,
Corinne, t. 1, p. 200);
b) 1680 fam.
il y a un sort (
Sévigné,
Corresp., éd. R. Duchène, t. 2, p. 794);
2. ca 1130 « prophétie, oracle » (
Gormont et Isembart, éd. A. Bayot, 426); en partic. au plur. fin
xives. « tablettes que l'on tirait au hasard d'une urne et qui portaient les reprises d'un oracle » (
Froissart,
Chron., éd. L. Mirot, t. 12, p. 221, ligne 8);
3. 1546 « divination pratiquée au moyen d'un ouvrage ouvert au hasard en interprétant le passage qui tombait le premier sous les yeux »
sors Homeriques et Virgilianes (
Rabelais,
op. cit., chap. 10, p. 80, titre);
4. 1811 « objets auxquels on attribue des pouvoirs magiques »
des amulettes et des espèces de sorts (
Chateaubr.,
Itinér. Paris Jérus., p. 64). Du lat. class.
sortem, acc. de
sors qui désignait plusieurs procédés de tirage au sort, en partic. pour consulter les dieux, d'où les sens d'« oracle », « destin, lot, part »; le genre fém. du mot lat. se retrouve parfois en a. et m. fr. ainsi que dans l'ital.
sorte et l'esp.
suerte.