SOI, pron. pers. et subst. masc.
Étymol. et Hist. Pron. de la 3
epers. réfl., cas régime tonique
I. A. Apr. prép.
1. a) renvoie au suj. de la prop.
α) 2
emoit.
xes.
se graphie prov. pour
sei (
St Léger, éd. J. Linskill, 28: Cio fud lonx tiemps ob
se [Lothier] lo
209s ting [Lethgier]; 43; 164); 2
emoit.
xes. (
St Alexis, éd. Chr. Storey, 91: Tut sun aver qu'od
sei en ad portet [Alexis]; 280: Cel son servant ad a
sei apelet [
id.]; 284 Escrit la cartra tute de
sei medisme),
cf. l'empl. de
lui dans ce cas (
lui* I A 1);
β) fin
xiiie-déb.
xives. le suj. est indéterminé (
Proverbes, éd. J. Morawski, n
o845: Homs ivres n'est pas a
soi);
b) ne renvoie pas au suj. de la prop.
ca 1140
Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 232: Quant la fud morz Rollanz (et) li duze per od
s[
e]
i);
ca 1160 (
Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 9316; son ami, que ele voit Qui pres de
soi combatre doit); 1176-81 (
Chrétien de Troyes, Chevalier de la charrette, éd. M. Roques, 733: S'ert une dameisele o
soi [un chevalier] Venue sor un palefroi),
cf. l'empl. de
lui dans ce cas (
lui* I A 2);
2. 1176 empl. avec un numéral ordinal (
Id., Cligès, éd. A. Micha, 3364: Vit Cligès chevalchier
soi quart [« avec trois autres »] De vaslez qui se deportoient).
B. Placé apr. le verbe, termine le groupe verbal
1. ca 1100 en l'absence de suj. exprimé, pour éviter de commencer la prop. par une forme atone (
Roland, éd. J. Bédier, 614: Combatrat
sei [Marsilies] a testute sa gent; 2277: Met
sei en piez [uns Sarrazins] e de curre s'astet);
2. ca 1190 en incise (
Renart, éd. M. Roques, 11639: Tibert, par ta confessïons, Fait
soi Renart, di moi verté); 1230-35 (
Mort le roi Artu, éd. J. Frappier, § 24, 29).
C. Placé devant le verbe
1. devant les formes nom. du verbe
a) devant un inf.
α) l'inf. est amené par un verbe auxil.:
soi est placé entre le verbe et l'inf.
ca 1100 (
Roland, 2593: Fait
sei porter en sa cambre voltice);
β) l'inf. est introd. par une prép.,
soi se place entre la prép. et l'inf.
ca 1170 (
Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Guigemar, 6: Celui deivent la gent loër, Ki en bien fait de
sei parler); 1230-35 (
Mort le roi Artu, § 115, 60);
b) devant les formes en
-ant 2
emoit.
xiies. (
Epître farcie de St Etienne, X, 47 ds T.-L.: vait
sei afeblëant), v.
soi-disant;
2. devant les verbes au mode pers.
a) ca 1100 pour marquer une mise en relief, une oppos. (
Roland, 3959: Ki hume traïst
sei ocit et altroi); déb.
xiiies. [ms.] (
Chrétien de Troyes, Perceval, 1030, leçon ms. T :
Soi meïsmes gabe et deçoit Qui fait promesse et ne la sout);
b) 1160-74 apr. une conj. de coord., pour éviter de commencer la phrase par une forme atone (
Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 6570: D'altrui prent garde e
sei oblie); dès le
xiies., le pron. atone apparaît apr. un coordonnant
ca 1208 (
Geoffroi de Villehardouin, Constantinople, éd. E. Faral, § 118: ot grant joie par tote l'ost, et
se recuillierent es nés).
D. En fonc-tion de suj.
ca 1220 le suj. est indéterm. (
Lai de l'Ombre, 200 ds T.-L.: n'i a tel come
soi), v.
infra soi-même.
II. Soi-même 1. 2
emoit.
xes. compl. prép. (
St Alexis, supra A I a α);
2. ca 1170 compl. d'obj. dir. (
Marie de France, Lais, Equitan, 64: La nuit ne dort ne ne repose, mès
sei meïsmes blasme e chose);
3. 1
remoit.
xiiies. en fonction de suj. (
Guillaume de Palerne, éd. H. Michelant, 2670:
Soi meïsme requiert sa mort);
4. 1640 empl. subst.
un autre soi-même (
Corneille, Horace, II, 3).
III. Soi empl. subst.
1. 1700 philos. « individu, personne » (
P. Coste, trad. de
Locke, Essai philosophique concernant l'entendement humain, p. 274 ds
Quem. DDL t. 26);
2. 1943
id. « l'être en tant qu'il est pour lui-même » (
Sartre, Être et Néant, p. 118: Le
soi ... est un réfléchi, comme l'indique assez la syntaxe latine... Le
soi renvoie, mais il renvoie précisément au sujet. Il indique un rapport du sujet avec lui-même);
3. 1948 psychanal., v.
ça (
cela* II) et
moi subst. B 2. Du lat.
se « soi » en position accentuée.
Soi III psychanal. traduit l'all.
es (
S. Freud, Das Ich und das Es, 1923), v. aussi
en-soi et
pour-soi.