SILENCE, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. a) 1121-34 « état de celui qui s'abstient de parler, fait de ne pas parler » (
Philippe De Thaon, Bestiaire, 298 ds T.-L.);
b) ca 1210
faire sillance « se taire » (
Dolopathos, 167,
ibid.); déb.
xiiies.
tenir silence «
id. » (
Alexis, 688,
ibid.); 1330
passer souz silence (
Girart de Roussillon, éd. E. B. Ham, 5507);
ca 1500
garder (sa) silence « se taire » (
L'Art et Science de bien parler et de soy taire ds
Anc. Poés., X, 358);
c) 1327
estre mis en silence « être condamné au silence (punition monastique) » (
Du Cange, s.v. silentium);
d) ca 1440 [date du ms.]
un pou de silence (
Le Martire Saint Estiene, 171 ds
Le cycle de Mystères des Premiers Martyrs, éd. G. A. Runnalls, p. 71); 1718
silence! « faites, faisons silence » (
Ac.);
2. a) fin
xiies.
scilence fém. « fait de ne pas exprimer sa pensée oralement » (
Sermons St Bernard, éd. E. Foerster, 113, 2);
b) ca 1460
le roi impose silence à ses procureurs généraux « il leur défend de poursuivre davantage l'affaire criminelle pour laquelle il a donné des lettres d'abolition (terme de chancellerie) » (
Juvenal des Ursins, Charles VI, 1415 ds
Littré); 1835
silence de la loi « omission d'une explication (d'un cas non prévu par la loi) » (
Ac.);
c) 1690 « cessation de commerce de lettres entre personnes qui étaient dans l'habitude de s'écrire » (M
mede Sévigné, Lettre à Lamoignon du 27 août, éd. Monmerqué, t. 9, p. 564);
3. a) ca 1350
silenche fém. « calme, cessation de toute sorte de bruit » (
Gilles Le Muisit, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 2, p. 88, 23);
b) 1755 « interruption dans un bruit » (
Condillac, Traité des animaux, chap. 6, p. 50);
c) 1743
silences « signes répondant aux diverses valeurs des notes, lesquels mis à la place de ces notes, marquent que tout le temps de leur valeur doit être passé en silence » (
Rousseau, Dissertation sur la Musique Moderne, p. 8 et 12); 1771
silence « interruption du son dans une phrase musicale » (
Trév.); 1778
silences (
Buffon, Oiseaux, t. 5, pp. 85-86);
d) 1762 « suspension que fait celui qui parle dans la déclamation » (
Voltaire, Lettre d'Argental du 17 avril ds
Littré). Empr. au lat.
silentium « silence ».