SENTIMENT, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. Fin
xiies.
sentement « faculté de recevoir des impressions physiques, sensation » (
Sermons St Bernard, 77, 10 ds T.-L.); fin
xiiies.
perdre le sentement (des membres) (
Miracles St Louis, éd. P. B. Fay, II, 51); 1314
sentiment (
Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, 77, p. 30);
2. 1452 « odeur » (
A. Gréban, Mystère de la passion, éd. O. Jodogne, 7909); 1540-50 « sens » (
La Grise, trad.
Guevara, I, 37 ds
Hug.); 1542-43 « odorat » (pour les êtres humains) (
Changy, trad. Office, chap. 14,
ibid.); 1559 «
id. » (pour les animaux) (
Marguerite de Navarre, L'Heptameron, éd. R. François, LXVII
enouv., p. 393); 1572 « le goût » (
Amyot, Bannissement et exil, 3 ds
Hug.).
B. 1. Fin
xiies. « connaissance, fait de savoir quelque chose » (
Sermons St Gregoire sur Ezechiel, 81, 9 ds T.-L.);
2. fin
xives. « intelligence, sagacité » (
Froissart, « Dits » et « Débats », Le dit dou bleu chevalier, éd. A. Fourrier, p. 165);
3. 1381 « opinion » (
Eustache Deschamps, Le Lay perilleux, éd. Queux de St Hilaire, t. 2, p. 344);
4. fin
xives. « science » (
Id., Balades, éd. G. Raynaud, t. 7, p. 23);
5. ca 1390
boin sentement « bon sens » (
Chansons inédites tirées d'un manuscrit des livres du roy Modus et de la royne Ratio, éd. G. Tilander ds
Neuphilol. Mitt., p. 176);
6. déb.
xves. « idée » (
Geste des ducs de Bourgogne, 8543 ds
Gdf. Compl.);
7. 1616-20
juger au sentiment « fait de connaître, sentir intuitivement » (
D'Aubigné, Hist. universelle, IX, 16 ds
Hug.).
C. 1. 1279 « émotion, tout phénomène de la vie affective » (
Laurent du Bois, Somme le roi, B. N. 22932, f
o58c ds
Gdf. Compl.); fin
xiiies.
ceste cancon de sentement « d'amour » (
Jakemes, Le Roman du castelain de Couci et de la dame de Fayel, éd. M. Delbouille, 3856);
2. 1376 « ressentiment » (
Les Livres du roy Modus et de la royne Ratio, éd. G. Tilander, t. 2, 257, 60);
3. 1643 « bon vouloir, dévouement » (
Corneille, Pompée, V, 1508);
4. 1693 « intérêt pour quelqu'un ou quelque chose » (M
mede Sévigné, Lettres, 3 juin, éd. M. Monmerqué, t. 10, p. 111);
5. av. 1714 « qualité d'un artiste qui exprime dans toutes les nuances les mouvements de l'affectivité, de la sensibilité » (
Fénelon, Jugement sur un poète de son temps ds
Œuvres, t. 21, p. 24);
6. 1741
le sentiment (absolu) « partie affective de l'homme » (
Marivaux, Marianne, éd. J. Janin, 9
epart., 405);
7. 1776-77
le sentiment du beau (
Diderot, Pensées détachées sur la peinture, p. 752);
8. 1798
les grands sentiments (ici iron.) (J.-J.
Rousseau, Confessions, IV ds
Littré).
D. 1799 « bracelet de cheveux tressés » (
Porte-feuille fr. pour l'an VIII, p. 143 ds
Quem. DDL t. 30). Réfection de l'a. fr.
sentement, qui a survécu jusqu'au
xvies.; dér. de
sentir*; suff.
-(e)ment1*.