SELLE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100
sele « harnais placé sur le dos du cheval pour recevoir le cavalier » (
Roland, éd. J. Bédier, 91, 3450 et 3881); 1565
selle à femme (A. N. KK 135, f
o71 v
ods
Gay); 1606
selle à femme « selle qui n'a qu'un étrier » (
Crespin); 1660
selle de femme (
Oudin Fr.-Esp.);
b) expr. 1594
selle à tous chevaux « selle qu'on peut faire servir à toutes sortes de chevaux » et au fig. « chose qui convient à tout » (
Satyre Menippée, 102-103 ds
Quem. DDL t. 19); 1606
cheval de selle (
Nicot, s.v. cheval); 1740-55
être mal en selle « mal affermi dans une position » (
Saint-
Simon, Mémoires, éd. Chéruel et Régnier, t. 14, p. 342); 1740-55
remettre qqn en selle « aider quelqu'un à reconquérir ses avantages perdus » (
Id., ibid., éd. A. de Boislisle, t. 4, p. 76);
id. se remettre en selle « rétablir ses affaires » (
Id., ibid., éd. A. de Boislisle, t. 13, p. 297);
c) 1679 anat.
selle turcique (A.
Bourdon, Nouv. description anat., p. 259);
d) 1742 « partie d'un mouton qui s'étend de la première côte au gigot » (
Marin, Suite des Dons de Comus, t. 1, pp. 357-358);
e) 1889 « siège de vélocipède » (
Le Cycliste, 3
eannée, 1
ernov., n
o10, p. 298);
2. a) ca 1170
sele « siège de bois sans dossier » (
Béroul, Tristan, éd. E. Muret, 1485); loc. fig. déb.
xiiies.
chëoir entre deus sieles « se dit de quelqu'un qui n'obtient aucune des deux choses opposées auxquelles il prétendait » (
Sept Sages, éd. J. Misrahi, 3910); apr. 1496, sept.
estre assis entre deux selles « être assis dans une position fâcheuse » (
Jean Molinet, Faictz et dictz, éd. N. Dupire, t. 1, p. 278, 8);
b) ca 1225
sele « chaise percée » (
Pean Gatineau, St Martin, 5360 ds T.-L.); fin
xives.
selles « matières fécales » (E.
Deschamps, Notable enseignement pour continuer santé en corps d'omme, 74 ds
Œuvres, éd. G. Raynaud, t. 8, p. 341);
ca 1460
aller à la selle « déféquer » (
Juvénal des Ursins, Charles VI, 1420 ds
Littré);
c) xiiies. [date des mss]
sele « chaise sur laquelle on fait accoucher les femmes » (
Raschi Darm., p. 98); 1318 « escabeau du cordonnier » (doc. d'Amiens ds
Fagniez t. 2, p. 38); 1691 « escabeau du calfat, qui contient ses outils » (
Ozanam); 1676 « tablette à pivot montée sur un trépied, sur laquelle le sculpteur pose la figure à laquelle il travaille » (
Félibien); 1723 « banc de bois sur lequel le parcheminier étend les peaux quand il les ponce » (
Savary); 1762 « banc de briquetier sur lequel on coupe les planches de terre pour en faire des carreaux » (
Encyclop., Planches, t. 1, Archit., Tuilerie: un banc qu'on nomme
selle); 1765 « masse de bois portée sur trois pieds, sur laquelle l'ouvrier place le moyeu d'une roue pour le travailler » (
Encyclop.); 1832
selle à tailler « outil de bois dont le tonnelier se sert pour retenir la planche qu'il veut tailler » (
Raymond); 1842 « planche inclinée sur laquelle on entasse les feuilles de papier quand elles ont été soumises à la presse » (
Ac. Compl.). Du lat.
sella « siège, chaise » et à basse époque « selle de cheval ».