ABSENTER (S'), verbe pronom.
Étymol. − Corresp. rom. : a. prov.
absentar; n. prov.
absenta, assenta, aussenta; ital.
assentare; a. esp., cat.
absentar; esp.
ausentar; port.
absentar, ausentar.
1. 1332 réfl. « s'éloigner d'un lieu », (cité ds
Giry,
Etablissements de Rouen, 2, 137, Delb. ds
Quem. s.v.) : toutes foiz que aucuns desdiz esleuz aura cause necessaire de
soy absenter de la ville;
2. 1385 « écarter, chasser » emploi fig., trans. (
Jehan des Preis,
Geste de Liège, 30020 ds
Gdf. Compl. : ne puet celle pueur de la
estre absentee).
Empr. au lat.
absentare, réfl. « s'éloigner d'un lieu », dep. St
Augustin,
Sermo 235, 4 ds
TLL s.v., 170, 45 : dominus absentavit se corpore ab omni ecclesia;
cf. lat. médiév. 1195-1280,
Acta imperii, éd. E. Winkelmann I, 846 ds
Mittellat. W. s.v., 47, 64 : accusatus... assentaverit se de regno, d'où 1; emploi fig. « écarter, chasser », dep. le
ives. Ps.
Cyprien,
De singularitate clericorum, ch. 30 ds
TLL s.v., 170, 36 : optanda semper cognatis absentatur adfinitas proximorum;
cf. lat. médiév., 1052, Pierre
Damien,
Liber gratissimus, 18, p. 44, 25 ds
Mittellat. W. s.v., 47, 50 : nec mulierum a se contubernium... voluit absentare, d'où 2.
HIST. − Vivant en a. fr. sous la forme trans. avec différents sens et emplois et sous la forme réfl. (
cf. étymol.). La forme trans. disparaît après le
xvies., seule subsiste la forme pronom.
A. − S'absenter « s'éloigner d'un lieu » dep. 1322.
Nicot précise qu'il ,,est tousiours prins en mauvaise part``. Cette valeur péj. subsiste dans un emploi partic. du verbe, distinct à partir de
Fur. 1690 et explicité jusqu'à
Besch. Ensuite l'idée est sous-jacente au mot dans certains cas (
cf. sém. I B et rem. gén.) et notamment dans un cont. jur. :
S'absenter, signifie encore, s'enfuir, se cacher, se mettre à couvert, de peur de quelque accusation ou recherche. Il
s'est absenté de la ville, à cause qu'on avoit decreté contre luy.
Fur. 1690.
− Rem. Dès
Ac. 1694 peut s'employer à la forme absolue et subsiste : Il faut qu'il
s'absente. Ac. 1694.
B.− S'absenter (« s'éloigner ») d'une pers. D'après la docum. n'apparaît qu'au
xvies. : Ainsi quand par fortune, ou quand par maladie Je
m'absente de vous, ma Muse est refroidie.
Ronsard,
Elégies, 1 (Hug.). Attesté ensuite dans la série des
Fur. et des
Trév. mais jamais dans les éd. anc. de
Ac. Disparaît au
xixes., excepté dans un cas isolé (ex. 4).