SAVEUR, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1160 « assaisonnement, condiment » empl. par image (
Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 8224: Amors, redone mei del miel, Si rasöage ma dolor Par alcune buene
savor!);
b) 1174-77 au propre (
Renart, éd. M. Roques, 6502: Si la [geline] vos apareilleroi; Dites quel
savor je feroi);
ca 1190
savor de cuisine (
ibid., 8818);
2. « qualité perçue par le sens du goût »
a) ca 1160 (
Eneas, 8881: [Lavine] Baisa son deit, puis li tendi [...] Mais [Eneas] nel senti, ne il ne sot, De quel
savor ert li baisiers);
b) xiiies. (
Renart, éd. E. Martin, X, 1500, add. mss B, H, t. 3, p. 362: Si ai la bouche amere toute Que riens nee ne m'a
savor);
3. fig.
a) 1240-80 en parlant d'une pers. (
Baudouin de Condé,
Dits et contes, 195, 245 ds T.-L.,
s.v. savorer: Il n'a en lui
saveur ne seve De preu);
b) 1588 en parlant d'une chose (
Montaigne,
Essais, III, 13, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 1082: la
saveur et douceur qu'il trouvoit en l'indigence);
c) 1718 spéc. en parlant d'une œuvre de l'esprit, de son caractère piquant (
Ac.). Du lat.
sapor, -oris « goût, saveur d'une chose; odeur, parfum; chose de bon goût », fig.
homo sine sapore « homme insipide, sans personnalité ».