SAUVER, verbe trans.
Étymol. et Hist. I. Trans.
A. 1. a) 842
salvar « faire échapper (quelqu'un) à un grave danger » (
Serments Strasbourg ds
Bartsch Chrestomathie, p. 3);
ca 1165 avec suj. de chose
sauver (
Troie, éd. L. Constans, 2570: onc li haubers nel pot
sauver);
b) 1
remoit.
xiies.
sauver de (
Psautier Oxford, éd. F. Michel, 58, 2: des humes de sanc
salve-mei);
2. fin
xes.
salvar relig. « opérer le salut de » (
Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 68);
ca 1050
salver trans. et pronom. (
Alexis, éd. Chr. Storey, 11 et 547);
ca 1535 part. passé subst. (
Melin de Sainct-
Gelays,
Œuvres compl., éd. P. Blanchemain, t. 3, p. 87: Les
saulvez).
B. 1. a) Ca 1050 « empêcher la destruction, la ruine, la perte de (quelque chose) » (
Alexis, 605: sunt lur anames [= âmes]
salvedes);
b) ca 1165
sauver la (les) vie(s) (
Troie, 7988: a cui en
sauvera les vies); 1830 p. exagér. « rendre un grand service » (
Balzac, Gobseck, p. 410: tu me
sauves la vie);
c) 1580
sauver sa tête (
Montaigne, Essais, I, 24, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 125: ma teste que j'ay
sauvée de tant de guerres civiles);
d) 1729
sauver sa peau (
A. Piron, École des pères, éd. 1776, p. 56: à
sauvé note piau [
sic]); 1732 (
A. Lesage, Hist. de Guzman, éd. 1825, t. 4, p. 250:
sauver ma peau);
2. a) ca 1165 (
Troie, 17834: vostre regne
sauver);
b) 1548
sauver l'honneur (
N. Du Fail, Baliverneries, éd. J. Assézat, p. 158:
sauver l'honneur des femmes);
c) 1588
sauver les apparences (
Montaigne, op. cit., III, 10, p. 1019);
d) 1865
sauver la mise « (ici) chercher à se procurer une tenue présentable » (
Vallès, Réfract., p. 17); 1866
sauver la mise à qqn « lui éviter une humiliation, un ennui; lui prêter à temps de l'argent » (
Delvau, p. 406); 1903
sauver la mise « à défaut de bénéfices, retirer au moins l'argent engagé » (
Nouv. Lar. ill., s.v. mise);
e) 1914
sauver la face (
Jaurès, Eur. incert., p. 78);
f) 1918
sauver les meubles (d'apr.
Esnault, Notes compl. Poilu, 1956:
sauver les meubles [...] se sauver soi-même ou ses effets personnels); 1931 (
Bernanos, Gde peur, p. 149), v.
meuble1;
3. 1370 spéc. « faire accepter quelque chose de médiocre ou de mauvais » (
Oresme, Éthiques, éd. A. D. Menut, p. 161: le moien la
sauvast [la bonté de l'uevre]).
II. Pronom.
1. ca 1280 « s'enfuir pour échapper à un danger » (
Girard d'Amiens, Escanor, éd. H. Michelant, 784: qu'il
se sauveroit);
2. 1673 « prendre congé promptement » (
Molière, Malade imaginaire, II, 7);
3. 1795 « déborder (en parlant d'un liquide) » (
Dorvigny, Jocrisse changé de condition, p. 31 ds
Quem. DDL t. 32). Du b. lat.
salvare « rendre bien portant; maintenir, conserver; délivrer », lat. chrét. « procurer le salut éternel »; dér. du lat.
salvus « bien portant, sauf ».