SAUVAGE, adj.
Étymol. et Hist. I. 1. 1121-34 adj. « (d'un animal) qui vit dans la nature; qui n'est pas domestiqué »
Asne salvage (
Philippe de Thaon, Bestiaire, 1828 ds T.-L.); 1690 « qui ne s'apprivoise pas facilement » (
Fur.);
2. a) 1135
id. « (d'un homme) qui vit à l'écart de certaines formes de civilisation; rude, grossier » en partic.
la gent sauvage « les Sarrazins par opposition aux chrétiens » (
Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, rédaction A-B, 384); 1596 subst. « homme, femme appartenant à une population primitive » (
Hulsius);
b) 1580 « qui est propre aux hommes primitifs »
cette vie brutale et sauvage (
Montaigne, Essais, éd. Villey-Saulnier, II, XII, 478);
3. a) ca 1160 « inculte, inhabité »
päis ... molt salvage (
Enéas, 280 ds T.-L.);
ca 1165
une terre sauvage (
Benoît de Ste-
Maure, Troie, 5669,
ibid.);
b) 1845
eau sauvage (
Besch. d'apr.
FEW t. 2, p. 617b); 1870 (
Littré);
4. ca 1165 « (d'arbres, de plantes) qui vient naturellement, sans culture »
De poires, de pumes sauvages ([
Chrétien de Troyes],
G. d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 432 ds T.-L.).
II. 1. a) 1121-34 adj. « étranger; qui ne fait pas partie d'un groupe constitué » (
Philippe de Thaon, op. cit., 2040,
ibid.);
b) ca 1165
id. « qui s'accommode mal de la vie en société; craintif » (
Benoît de Ste-
Maure, op. cit., 13683,
ibid.); 1656 subst. « personne qui aime la solitude et fuit les contacts humains » (
Pascal, Provinciales, éd. L. Lafuma, 9
elettre, p. 409);
c) ca 1265 adj. « au caractère difficile »
sauvages et hom de male escole (
Brunet Latin, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, II, 25, p. 196);
d) ca 1650
id. « qui traduit un caractère difficile, rude, voire brutal »
style ... sauvage (
Balz., Dissert. critiques, 7 ds
Littré);
2. a) ca 1208
id. « qui rappelle la violence, la cruauté des peuplades primitives » (
Henri de Valenciennes, Hist. de l'empereur Henri de Constantinople, éd. J. Longnon, § 558); 1806 subst. « personne qui par ses actes de sauvagerie évoque les peuplades primitives »
on se massacra comme des sauvages (J.
de Maistre, Corresp., p. 36);
b) fin
xives. « (de manières, d'une attitude...) qui rappelle la rudesse de la nature vierge »
de sauvage manière (
Froissart, Chron., éd. S. Luce, t. I, p. 10);
3. ca 1960 « qui échappe aux règles établies » (d'apr.
Gilb. 1980); 1966
profit sauvage (J.-P.
Courthéoux, La Pol. des revenus, Paris, P.U.F., p. 62). Du lat. de basse époque
salvāticus, ives. (Pelagon, 7, 91;
Chiron, [
Mulomedicina], 54 ds
Z. rom. Philol. t. 64, p. 141) altér. p. assim. vocalique du lat. class.
silvaticus (dér. de
silva « forêt ») « qui est fait pour le bois » puis à l'époque impériale « sauvage » en parlant d'une plante, qui survit dans le roum.
selbatic, l'ital.
selvatico, le cat.
selvatge (
FEW t. 11, p. 620b).