SAUT, subst. masc. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1100 salz « mouvement brusque par lequel on se lance en l'air » ( Roland, éd. J. Bédier, 3342); b) id. « mode de locomotion animale » ( ibid., 731); spéc. 1575 équit. sauts balancez et justes ( Fiaschi, Du maniement des chevaux, trad. de l'ital. ds Petiot 1982); 1842 saut de pie ( Ac. Compl.); c) α) ca 1180 « exercice acrobatique » ( Thomas, Tristan, 2073 ds T.-L.); 1611 saut de la carpe ( Cotgr.); 1694 saut de carpe ( Ac.);
β) 1896 athl. saut en longueur, saut à la perche, triple saut (Programme des Jeux Olympiques ds Petiot 1982); 1904 natation saut de l'ange ( L'Auto, 9 août, ibid.); d) 2 emoit. xves. danse (Ch. d'Orléans, Complaintes, éd. P. Champion, p. 283, 34); 1690 saut battu, saut simple, saut majeur ( Fur.); e) 1771 myth. saut de Leucade ( Guys, Voyage littér. de la Grèce, p. 263); 1837 saut de Curtius ( Balzac, C. Birotteau, p. 86); 2. a) 1170 « action de s'élancer d'un lieu vers un autre situé plus bas » ( Béroul, Tristan, éd. E. Muret et L. M. Defourques, 2589); au fig. 1206 faire le saut « se déterminer à un acte hasardeux » ( Guiot de Provins, Bible, éd. J. Orr, 1429); 1585 faire le saut naturel « mourir » ( Cholières, 8eAp.-disnée, p. 301 ds Hug.); 1904 saut dans l'inconnu ( Chardon, Trav. publ., p. 297); b) 1585 tomber beau sault « chuter » ici, au fig. ( N. du Fail, Contes d'Eutrapel, p. 245 ds IGLF); c) 1611 faire le saut « faire banqueroute » ( Cotgr.); 3. a) 1181-90 « mouvement brusque ou rapide par lequel une personne se déplace » prendre le sault ( Chrétien de Troyes, Graal, éd. F. Lecoy, 8256); b) 2 emoit. xives. « action d'aller quelque part très rapidement et sans y rester » ( Brun de la Montaigne, éd. P. Meyer, 266); d'où
α) 1480 a deux pas et ung sault ( Mist. Viel Testament, XXIV, 17743 ds IGLF); 1611 en deux pas et un saut ( Cotgr.);
β) 1547 ne faire qu'un saut « faire rapidement l'aller et retour » ( Marguerite de Navarre, Nativité, 662 ds IGLF);
γ) au fig. 1588 à sauts et à gambades « avec une vivacité déréglée » ( Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, III, 9, 994); c) 1588 au saut du lict ( Id., ibid., III, 13, 1085); 4. a) 1 remoit. xiiies. en saut « en rut » ( Du Prestre et d'Alison, 237 ds Fabliaux fr. du Moy. Âge, éd. Ph. Ménard, t. 1, p. 66); 1765 saut « action d'un étalon couvrant une jument » ( Encyclop.); b) fin xives. en sault en parlant d'un homme ( Eustache Deschamps, V, 60, 21 ds T.-L.); 1 remoit. xives. [ms.] un menu saut ( Constant Du Hamel, ms. B, 765 ds Nouv. Rec. complet des Fabliaux, éd. W. Noomen et N. Van Den Boogaard, p. 87); 1561, 16 févr. « acte sexuel » ( J. Grevin, Les Esbahis, éd. E. Lapeyre, 1153); 5. a) fin xives. de saut « immédiatement » ( Froissart, Lay Amoureus, éd. R. R. McGregor, p. 121, 103); 1480 tout de plain sault ( Mist. Viel Testament, XXII, 17356 ds IGLF); b) 1584 tout d'un saut « (être élevé à une haute dignité) sans passer par les degrés intermédiaires » ( N. du Fail, Contes d'Eutrapel, II, 113, ibid.: est devenu Procureur Général tout d'un saut). B. 1. a) 1119 astron. salt « retranchement d'un jour dans une computation » ( Philippe de Thaon, Comput, 2347 ds T.-L.); b) 1703 mus. « passage d'un saut à un autre par degrés disjoints » ( Brossard); c) 1722 « interruption dans la marche continue et graduelle des phénomènes » ( Fontenelle, Eloge sur Leibnitz ds Littré); 1764 (Ch. Bonnet, Contemplation de la Nature, p. 122: il n'est point de sauts dans la Nature); 2. fin xviies. « action de passer d'une notion à une autre en négligeant les étapes intermédiaires » ( Bossuet, Projet de réunion, Réfl. sur l'écrit de Molanus, II, VI, 1 ds Littré). C. 1. 1310 saut a moulin « chute d'eau qui fait aller le moulin » (AN JJ 48, pièce 164 ds Du Cange, s.v. saltus molendini); 1409 saulz de molin ( Aveux du bailliage d'Evreux, A. N. P 294, reg. 4 ds Gdf. Compl.); 2. 1605 « rupture de pente d'un cours d'eau » ( P. Cayet, Chronologie septenaire, 421 ds Quem. DDL t. 21). Du lat. saltus « saut, bond », dér. de salire « sauter, bondir ».
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