SAUCE, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1165 p. métaph. art culin. ([
Chrétien de Troyes],
Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1350:
sause);
b) 1266 cuis. (
Vers de la mort, 265, 6 ds T.-L.);
2. a) 1176-84 « manière » (
Gautier d'Arras,
Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 5812:
sausse);
b) α) 1480
quelque saulce que l'en y mette « de quelque manière que l'on retourne l'affaire » (
Guillaume Coquillart,
Droitz nouveaulx, 458 ds
Œuvres, éd. M. J. Freeman, p. 151);
β) 1680
être bon à certaines sauces (d'une personne) (M
mede Sévigné,
Lettre du 23 oct. ds
Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 48); 1690
mettre (qqn) à toutes sausses (
J. Raisin,
Merlin Gascon ds
Five French Farces, éd. H. C. Lancaster, 1937, p. 95);
c) α) 1640
la saulse vaut mieux que le poisson « l'ornement vaut mieux que la personne » (
Oudin Curiositez);
β) 1680 « accessoire » (M
mede Sévigné,
Lettre du 24 janv., t. 2, p. 809);
3. 1881 « forte pluie » (
Rigaud,
Dict. arg. mod., p. 342: il va tomber de la
sauce).
B. Techn.
1. 1803
sausse « liqueur chaude pour rehausser la couleur de l'or » (
Boiste);
2. 1845 « crayon très friable servant à estomper » (Th.
Gautier,
Jeunes-Frances, p. 356 ds
Mat. Louis-Philippe, p. 268);
3. 1905
mettre la sauce « lancer le moteur à plein régime » (
L'Auto, 20 nov. ds
Petiot 1982). Du lat. pop.
salsa « chose salée », empl. subst. (soit fém. sing., soit neutre plur.), du lat.
salsus « salé », part. passé de
sallĕre « saler »;
cf. l'ital., le cat., l'esp.
salsa « sauce ». On note aussi en a. fr. le subst. fém.
saus(s)e « eau de mer » (
ca 1165,
Benoît de Ste-
Maure,
Troie, 29290 ds T.-L.), empl. subst. de l'adj. fém.
salse « salée (de l'eau, de la mer) » (
ca 1100,
Roland, éd. J. Bédier, 372: la mer
salse), qui représente le lat.
salsus, salsa « salé ».