SARABANDE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. a) α) 1605
zarabanda « danse vive et lascive d'origine espagnole » (
Le Loyer,
Spectres, l. VIII, chap. 3, p. 858: les Espagnols ont à present leur
zarabanda); 1605
serabante ([J.
Bordier],
Ambassade en Turquie de Jean de Gontaut Biron, éd. Th. de Gontaut Biron, 1888, p. 39: gavotte ou
serabante); 1606
sarabande (
Victor,
s.v. çaravanda); 1615
sarrabande (F.
de Rosset et V.
d'Audiguier,
Les Nouvelles de Miguel de Cervantes, trad. d'esp. en fr., 173 v
ods
Fonds Barbier: la
sarrabande et la chaconne);
β) 1636
sarabande « ancienne danse française à trois temps, grave et lente » (
Mersenne,
Harmonie universelle,
L. second des chants, p. 165);
b) 1623 « air sur lequel la sarabande se dansait » (Ch.
Sorel,
Francion, l. 4, éd. E. Roy, t. 2, p. 31: sonnez moy le bransle [...] ou la
sarabande);
2. a) 1840 « suite effrénée, déchaînée » (
Balzac,
Œuvres div., t. 3, p. 276: une
sarabande de crimes et de niaiseries);
b) 1863 « tapage, agitation, mouvement bruyants » (
Gautier,
op. cit., p. 34); 1877 (A.
Daudet,
Nabab, p. 85: les écriteaux dansant leur folle
sarabande au vent);
c) 1891 « suite de personnes agitées » (
Huysmans,
Là-bas, t. 1, p. 117: la
sarabande des sociétés démoniaques). Empr. à l'esp.
zarabanda « danse vive et gaie accompagnée de mouvements lascifs, en usage en Espagne aux
xvieet
xviies. » (att. dep. 1539 d'apr.
Cor.), mot d'orig. obsc.
Cor. rapporte plusieurs hyp.: −
zarabanda remonterait au persan
sarband « bandeau noué autour de la tête » (
sar « tête »,
band « lien »), mais le sens « sorte de danse » n'est pas att. en persan. −
zarabanda remonterait au persan
dastband « danse au cours de laquelle on joint les mains » (
dast « main »), par l'intermédiaire de l'ar.
dastaband « jonction des mains au cours de la danse », att. au
xes.; mais cette hyp. se heurte à des difficultés sém. et phonét. −
zarabanda résulterait d'une déformation arg. intentionnelle (comparable au « javanais ») de l'esp.
zaranda « crible, van », p. allus. au mouvement rythmique de cet ustensile. En concl.,
Cor. pense que le n. de cette danse, inventée en Espagne au
xvies., est prob. de création indigène.