SAINT, SAINTE, adj. et subst.
Étymol. et Hist. I. Adj.
A. 1. 2
emoit.
xes. « qui est admis parmi les bienheureux, qui est canonisé par l'Église »
sanct Lethgier (
St Léger, éd. J. Linskill, 140);
ca 1050
saint Alexis (
St Alexis, éd. Chr. Storey, 507);
2. fin
xes. « souverainement pur (en parlant de Dieu ou de ce qui est en étroit rapport avec lui) »
sanz spiritum (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 515);
ca 1050
la sainte trinitet (Alexis, éd. cit., 549);
3. ca 1050 « se dit d'une personne qui mène une vie exemplaire sur le plan moral et religieux »
saint home (
ibid., 197);
4. a) ca 1100 « sacré, ici en parlant du Paradis »
seint pareis (
Roland, éd. J. Bédier, 1522);
b) ca 1100 « consacré, dédié à un saint »
seint Michel del Péril (
ibid., 1428);
5. ca 1100 sert à désigner, associé d'un nom de saint, un jour fixé par l'Église pour honorer ce saint (
la feste seint Michel, A saint Michel (
ibid., 37 et 53); en partic. sert à désigner certains jours remarquables pour les festivités qui s'y déroulent ou marqués par une tradition populaire, ainsi: 1822
la saint Charlemagne (
Michelet, Mémor., p. 210); 1833
à la Saint Sylvestre (
Balzac, Méd. camp., p. 11); 1854
la saint Nicolas (
About, Grèce, p. 454: ... les bonbons ne parviennent pas jusqu'aux villages.
Saint Nicolas n'apporte rien, qu'un de ces jours de relâche... ; p. 455: ... c'était la
Saint Nicolas).
B. 1. Ca 1050 « se dit de ce qui a un rapport direct avec Dieu, et qui, à ce titre est vénérable »
sainte escriture (
St Alexis, éd. cit., 258);
2. ca 1050 « qui a un caractère sacré »
sain[
t]
batesma (
ibid., 29); en partic.
ca 1175 « ce qui, chez les catholiques, touche au mystère de l'eucharistie »
saint sacrament (
Benoît de Ste-
Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 3757);
3. ca 1050 « qui revêt un caractère vénérable »
le saint Cors (
St Alexis, éd. cit., 498);
4. ca 1050 « qualifie toute communauté, toute assemblée qui a la foi en Dieu »
sainte eglise (
ibid., 256);
5. 1
remoit.
xiies. « se dit des lieux qui, pour des raisons religieuses, font l'objet d'une vénération particulière » (
Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, XXIII, 3); en partic.
ca 1208
la Terre sainte d'outremer (
Villehardouin, Conquête Constantinople, éd. E. Faral, § 27);
6. xiiies. [ms.] « qui est motivé par des considérations religieuses » (
Ambroise, L'Estoire de la guerre sainte [titre]); 1585
une saincte cholere (
N. Du Fail, Les Contes et discours d'Eutrapel, éd. J. Assézat ds
Œuvres facétieuses, t. I, p. 227);
7. 1680 « se dit des jours de la semaine qui précèdent Pâques »
semaine Sainte (
Rich., s.v. semaine);
8. 1821 « qui a un caractère exceptionnel, inexplicable »
une espèce de rage sainte qui n'a pas de nom (
J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 1, p. 276).
II. Subst.
1. a) 2
emoit.
xes. « personne qui, selon la religion catholique, jouit après sa mort du bonheur céleste » (
St Léger, éd. cit., 2);
b) 1690
vie des Saints « ouvrage destiné à édifier les fidèles par les récits de leur vie » (
Fur.);
c) 1718 fam.
fêter le saint du jour (
Ac.);
d) 1866
les saints de glace (
Amiel, Journal, p. 288);
2. a) ca 1280 « statue d'un saint, souvent considérée comme protectrice » (
Guillaume de Saint-Pathus, Mir. Saint-Louis, éd. P. B. Fay, XXIIII, 58, p. 80);
b) ca 1500
ne sçavoir plus ... à quel sainct se vouer (
Commynes, Mém., éd. J. Calmette, t. II, p. 73); 1690
il vaut mieux parler à Dieu qu'à ses saints (
Fur.);
3. a) 1456 « personne à la conduite exemplaire » (
Arch. Nord B 19470, fol. 125: a cause duquel fief j'ay justice et seigneurie fonsiere ... la congnoissance du
saint et du larron);
b) 1678 « se dit d'une personne qui adopte le comportement d'un saint » (
La Fontaine, Le diable en enfer, 74 ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. V, p. 470); d'où 1678-79
être un petit saint (
Id., Fables, VII, I, 48,
ibid., t. II, p. 98);
4. dernier tiers du
xiiies. [ms.]
le saint des saints (B.N. 899, f
o166 ds
Trenel 1904, p. 331); 1845 fig. « l'endroit le plus relevé d'une maison » (
Besch.);
cf. 1853 (
Goncourt, Journal, p. 85: la pièce mortuaire (...) était le
saint des saints du journal);
5. 1827 subst. plur. « nom donné à certains puritains anglais très intransigeants au
xviies. » (
Hugo, Cromwell, p. 70). Du lat. class.
sanctus « sacré, inviolable, consacré » qui a pris en lat. chrét. la valeur partic. dont le sens fr. est issu.