SAIGNER, verbe
Étymol. et Hist. I. Verbe intrans.
1. ca 1100
seiner « perdre du sang » (
Roland, éd. J. Bédier, 1991); 1690
saigner comme un bœuf (
Fur.);
2. fin
xiiies. loc.
sanner par le nes (
Lancelot, éd. A. Micha, III, 249 [XXXIV, 2]); 1591
seigner du nez (
Lanoue, 291 ds
Littré); d'où fig. 1538 « reculer » (
Marot,
Epistres, 8 ds
Hug.); 1588 « manquer de courage » (
Montaigne,
Essais, I, 24, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 130);
3. ca 1225 p. métaph. et fig. « être le siège d'une souffrance, comme une plaie vive » (
Gautier de Coinci,
Miracles de Nostre Dame, éd. V. F. Koenig, II, Mir 27, 190: por peu que li cuers ne li
sainne).
II. Verbe trans.
1. 1174-80 « tirer du sang en ouvrant une veine » (
Chrétien de Troyes,
Perceval, éd. F. Lecoy, 4167: si
seinna .III. gotes de sanc);
id. empl. abs. méd. « faire une saignée » (
Id.,
ibid., 823); 1798
saigner la viande « purger du sang grossier » (
Ac.);
id. loc.
saigner jusqu'au blanc « tirer une telle quantité de sang que le patient devienne blanc » (
ibid.);
2. 1680 « tuer un animal en le vidant de son sang » (
Rich. t. 2);
3. 1696 p. anal. « tuer avec un instrument tranchant » (
Regnard,
Bal, sc. 14 ds
DG);
4. 1690 p. métaph. « exiger, tirer de quelqu'un une somme considérable » (
Fur.); 1669 empl. pronom. (
Molière,
Avare, II, 5);
5. p. anal.
a) 1671
saigner un fossé « pratiquer des rigoles » (
Pomey); 1690
saigner une rivière (
Fur.);
b) 1931 « pratiquer une saignée dans un arbre » [att. indir. par le part. passé subst.
saignée, en 1796] (
Plantefol,
loc. cit.). Du lat.
sanguinare « saigner, être ensanglanté », dér. de
sanguis, v.
sang.