SAVOIR1, verbe trans.
Étymol. et Hist. 842 inf. subst. v.
savoir2;
1. a) fin
xes. + verbe à l'inf. « avoir la possibilité, la capacité de » (
Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 478: de Crist
non sabent mot parlar);
b) ca 1100 « être capable de faire quelque chose (en vertu d'un talent, d'un effort de volonté) » (
Roland, éd. J. Bédier, 3784:
Ben set parler [Pinabel] et dreite raisun rendre);
2. a) 2
emoit.
xes. + complét. « connaître quelque chose pour en avoir été informé » (
St Léger, éd. J. Linskill, 156: Ne
soth nuls om qu'es devenguz);
b) ca 1165
faire saveir (
Benoît de Ste-
Maure,
Troie, éd. L. Constans, 1732);
3. ca 1050 équivalent atténué de
pouvoir (
Alexis, éd. Chr. Storey, 125: Ne vus
sai dire cum il s'en firet liez);
4. a) ca 1100
ne savoir mot de « ne pas avoir conscience de » (
Roland, 1173);
b) fin
xiie-déb.
xiiies. avec adj. attribut (
Vie de Saint Grégoire, éd. H. B. Sol, A2, 2019: Molt
le set felon et
cruel);
5. a) ca 1100 à l'impér., pour attirer l'attention dans un discours (
Roland, 520: par veir
sacez);
b) 1176-81 au subj. « pour autant que je le sache » (
Chrétien de Troyes,
Chevalier Lyon, éd. M. Roques, 430: ja,
que je sache a escïant, ne vos an mantirai de mot);
6. a) 1120 part. passé
tout a soüt « d'une manière certaine » (
St Brendan, éd. I. Short et B. Merrilees, 373);
b) ca 1155 (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 11984: Senz
le seü nostre seinur);
c) ca 1470
au sçu de (qqn) (
G. Chastellain, IV, 149, 6 ds
Heilemann Chastellain, p. 51 [réf. erronée]); av. 1615
à son veu et sceu (
Pasquier,
Recherches, p. 884);
7. a) 1130
ceo est a saveir (
Lois de Guillaume, éd. J. E. Matzke, 15);
b) ca 1160 (
Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 8500: Vos i avez tot oblïé la premeraine question,
A savoir se ge aim o non);
8. a) 1155
saveir de « s'y connaître en quelque chose » (
Wace,
op. cit., 3675);
b) 1306 en partic. (
Joinville,
Vie de St Louis, éd. N. L. Corbett, § 335, p. 151: Il avoit gens illec qui
savoient le sarrazinnois et le françois);
9. 1155
saveir gré (
Wace,
op. cit., 1707);
10. a) 1229 pronom. réfl. (
Gerbert de Montreuil,
Violette, 5481 ds T.-L.: nus ki tant
se sache Preu ne hardi);
b) 1580 sens passif (
Montaigne,
Essais, II, XII, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, t. 1, p. 541: tout
se sçait et connoit). Du lat. pop.
*sapēre, altér. du class.
sapĕre absol. « avoir de la saveur, du goût, du parfum (en parlant de choses) » et « avoir du goût, du discernement, être sage (en parlant de personnes) », qui, empl. transitivement a signifié ensuite « se connaître (en quelque chose), comprendre, savoir » évinçant dans ce sens
scire peu représenté dans les lang. rom.; le sens originel du lat. a vécu dans l'anc. lang., où
savoir, empl. absol., a signifié « sentir » et « plaire » du
xiieau
xives. (v. T.-L. et
Eustache Deschamps,
Œuvres, éd. G. Raynaud, t. 9, p. 51).