SABLE1, subst. masc. et adj.
Étymol. et Hist. I. A. Ca 1150 « substance pulvérulente due à la désagrégation de certaines roches » fig.
semer ses paroles en sable « les prodiguer en pure perte » (
Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 7582).
B. Id. « étendue de sable » fém. (
ibid., 8195);
ca 1200 (
Chans. de Guillaume, éd. J. Wathelet-Willem, 228).
II. A. 1. 1482
soble (A. Montbéliard ds
Gdf. Compl.); 1483 fém.
la sable (A. Nevers,
ibid.); 1530
sable masc. (
Palsgr., p. 265a);
a) 1552
horologe de sable « sablier » (
Rabelais, Quart livre, XXXI, éd. R. Marichal, p. 146, 48); 1578-1583 p. abrév.
sable (
A. d'Aubigné, Printems,
Odes, XLI ds
Œuvres, éd. E. Réaume et Fr. de Caussade, t. 3, p. 203);
b) 1636
jeter an sable « faire couler le métal en fusion dans un moule, un chassis de bois ou de fer rempli de sable » (
Monet, p. 463b); 1684
id. fig. « avaler tout d'un coup et sans perdre haleine » (
La Fontaine, Ragotin, II, 7);
2. fig.
a) ca 1618
bâtir sur le sable (
Racan, Stances sur la Retraite, 8 ds
Œuvres, éd. L. Arnould, t. 1, p. 177);
b) 1690 [en parlant d'une pers. qui s'endort]
le petit homme luy a jetté du sable dans les yeux (
Fur.);
c) 1827
être sur le sable « être à court d'argent » (
Ragot, Vice puni ou Cartouche ds
Sain. Sources Arg. t. 1, p. 336).
B. 1503 plur. « vaste étendue, désert de sable »
se sauver sur les sables (
Jean d'Auton, Chron., éd. R. de Maulde la Clavière, t. 3, p. 237); 1628
sables mouvants (
A. d'Aubigné, Tragiques, V,
Les Fers, éd. A. Garnier et J. Plattard, t. 3, p. 219).
C. 1588 « calcul urinaire » (
Montaigne, Essais, III, 13, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 1087: luy avoit cuit le
sable dans les roignons). L'a. fr.
sable [I], faiblement att. (en a. et m. fr. on trouve surtout
sablon* et
areine/arène*), est (de même que l'ital.
sabbia, le port.
saibro, le galicien
jebra,
REW 7486) issu du lat.
sabulum « sable »; spéc. « gros sable, gravier », forme syncopée
sablum (fin
vies.,
Venance Fortunat; gl.). Étant donné le hiatus chronol. entre I et II, ce dernier est prob. un dér. régr. de
sablon* (
cf. aussi l'a. fr.-prov. a. fribourgeois
sablon 1470-90,
Comptes [de Fribourg] d'apr.
J. Girardin ds
Z. rom. Philol. t. 24, 1900, p. 232 et l'a. prov.
sablon dep. le
xiies.,
Peire Rogier, Belh Monruelh, 11 ds
Œuvres, éd. C. Appel, p. 92);
sable fém. s'explique, dans cette hyp., non par un plur.
sabula, mais p. anal. avec des groupes tels que
glace-glaçon;
FEW t. 11, p. 17b.