RÊVER, verbe
Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1130
resver « délirer à cause d'une maladie » (
Lapidaires anglo-normands, éd. P. Studer et J. Evans, V, 1312, p. 246);
b) ca 1240
reever « radoter » (
Matthieu Paris, L'Histoire de Saint Edouard Le Roi, éd. K. Y. Wallace, 3786);
c) 1538
faire resver « induire en erreur » (
Est., s.v. incutere);
d) 1552
resver « être perdu, absorbé dans des pensées vagues » (
Ronsard, Les Amours, CXII ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 4, p. 110: J'iray toujours et
resvant et songeant);
e) déb.
xviies.
resver à « penser à » (
D'Aubigné, Confession du sieur de Sancy ds
Œuvres, éd. E. Réaume et De Caussade, t. 2, p. 368);
ca 1620
resver « réfléchir » (
Id., Lettres de poincts de science, t. 1, p. 436);
f) déb.
xviies.
resver « imaginer, voir comme dans un rêve » (
Id., Confession du sieur de Sancy, t. 2, p. 293);
g) 1606
resver « désirer quelque chose ardemment » (
Régnier, Satyre IX, 181 ds
Œuvres, éd. G. Raibaud, p. 103);
h) 1640 « voir en rêve » (
Corneille, Polyeucte, I, 1); 1649 « faire des rêves en dormant » (
Descartes, Traité des Passions ds
Rom. Forsch. t. 86, p. 490);
2. a) 1269-78
resver « vagabonder, errer pour son plaisir, faire une promenade » (
Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 7709);
b) en partic. 1491
raver « se promener déguisé pendant le carnaval » (
J. Aubrion, Journ. ds
Gdf.). Mot d'orig. incertaine, peut-être dér. d'un verbe non att. *
esver « vagabonder » (d'où aussi
desver « perdre le sens », v.
endêver; v. aussi
Guir. Lex. fr. Étymol. obsc. qui propose de rattacher le mot à *
reexvadare, dér. du lat.
evadere « sortir, s'échapper de »). Vers la fin du
xviies.,
rêver tend à supplanter
songer au sens de « faire des rêves en dormant » (d'où aussi l'apparition de
rêve avec le développement sém. qu'a pris le verbe à cette époque). Voir
A. Greive, bbg. infra.