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RÉCIPROQUE, adj. et subst.
Étymol. et Hist. A. Adj. 1. fin xives. « qui a lieu entre deux personnes; deux objets agissant l'un sur l'autre » (Roques t. 2, n o13032, 10286); 2. a) 1466 gramm. construction reciproque (Pierre Michault, Le Doctrinal, XLII, 147, éd. T. Walton, p. 113); b) 1550 id. le (s.-ent. pronom) reciproque se (Meigret, Traité de gramm. fr., éd. W. Foerster, p. 85); c) 1606 id. verbe reciproque (J. Masset, Acheminement a la langue Francoise, suppl. à Nicot 1606); 3. 1690 log. (Fur.); 4. id. math. (ibid.). B. Subst. 1409 subst. masc. « la pareille en retour » (Chron. de Boucic., II, 20 ds Gdf. Compl.); 1636 randre au reciproque (Monet); 1671 rendre le reciproque (Pomey); 1800 subst. fém. (Boiste, s.v. reciprocation). Empr. au lat.reciprocus « qui revient au point de départ ».

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
A. 1./B. 0. adj. « qui a lieu entre deux personnes, deux objets, deux phénomènes agissant l'un sur l'autre ». Attesté depuis 1ère moitié 14e siècle (AalmaR, page 455, n° 10286 : reciprocus, ‑ca, ‑cum : reciproques, reflechissens). - 
A. 2. réciproque subst. masc. « la pareille ». Attesté de 1451 (Chart. J., Chron. Ch. VII V., tome 2, page 277 : les Anglois d'icelle garnison, voyans qu'ils ne recevoient point aulcun secours, parce que leur roy n'avoit aucune puissance, et qu'ils estoient ainsi frustrez de leur intention et attente, se rendirent et remisdrent cette place en l'obéissance du roy […]. Aussi leur fut‑il au réciproque tenu fidèlement tout ce qui leur avoit esté promis) à 1964 (Larousse encyclopédique1 : N. m. Langue class. Le réciproque, la pareille). Pour ce qui est de l'attestation de 1409 ([Chron. de] Boucicaut = BoucicP, deuxième partie, chapitre 20, page 56, in Google, Recherche de Livres) citée par Littré, GdfC, FEW 10, 149b et TLF, d'après une édition rajeunie, elle ne figure pas au passage correspondant dans l'édition scientifique de Denis Lalande, fondée sur le seul manuscrit qui nous a conservé ce texte (BoucicL, II, 20, page 242, lignes 132‑133). Première attestation de la locution rendre le réciproque : 1605 (Vauquelin, Poésies, page 192, in Gallica : Quand on m'en fait de mesme aussi tost ie m'en moque, Et tousjours à regret ie rends le reciproque). On relève au 15e siècle l'expression donner un réciproque (1490, PassTroyB = DMF2), qui préfigure l'émergence de rendre le réciproque. Le substantif masculin est donné comme « vieilli » à partir de 1893 (DG). - 
A. 3. réciproque subst. fém. « la pareille ». Attesté depuis 1555 [dans l'expression faire la réciproque] (Granvelle, Papiers d'État, volume 4, page 443, in Google, Recherche de Livres : le roy de France tiendra tousjours en obligation et souvenance la peine que ladicte dame a prins pour ladicte paix, pour, en ce que l'occasion se présentera, faire la réciproque affectionnément et voluntairement). Cette expression préfigure rendre la réciproque en 1564 (Relations Politiques des Pays‑Bas, page 170, in Google, Recherche de Livres) et donner la réciproque en 1636 (Mémoires Société archéologie Moselle, page 55, in Google, Recherche de Livres). - 
C. réciproque adj. « qui touche, revient ou appartient à chacun des éléments pris en compte dans l'ensemble considéré, respectif ». Attesté depuis 1738 (Argens, Lettres juives, in Frantext : Les prêtres des différentes sectes se haïssent mortellement ; et leur mauvaise humeur se répand aussi sur leurs troupeaux réciproques). - 
B. 2. a. pronom réciproque loc. nom. masc. « pronom qui, en tant que complément, représente la personne qui est sujet du verbe, pronom réfléchi » (grammaire). Attesté depuis ca 1400 (DonatOxfS, page 134, § 44 : cest pronom se ou soy […] est un pronom receproc, c'est a dire que celuy mesmes reçoipt, si come Janyn se ayme). L'ellipse le réciproque est relevée en 1550 (Meigret, Tretté F., page 63, in Gallica : Reste le reciproqe soe, qi fet son, sa, sien : le' qels tous sont possessifs). On retrouve le terme en grammaire en 1466 dans la locution nominale construction réciproque (Michault, Doctr. temps prés. W., page 113 : Construction de la tierce maniere, En sa vigueur et sa force pleniere Est appellé en françois Reciproque. Et cest[e] cy est moult notable et bonne, Car elle fait tantost une personne Avoir des biens, et a ce le provoque) et en 1606 dans verbe réciproque (Masset, Acheminement, page 13 : Nous appelons verbes reciproques, ou reflexifs, qui signifient action & passion tout ensemble, par le moyen des accusatifs personnels, qu'ils ont toujours devant eux, comme, Je m'ayme […] & ont tous pour verbe auxiliaire, Je suys, comme, Je me suys aymé). - 
B. 2. b. termes réciproques loc. nom. « termes qui ont la même signification et qui peuvent se prendre l'un pour l'autre » (dialectique). Attesté depuis 1589 (Canaye, Organe, page 361, in Google, Recherche de Livres : Donc, à fin que ceste reciprocation ne nous trouble, nous serons advertis qu'encores que les termes reciproques puissent changer de place entre eux, & que chacun d'iceux puisse tenir lieu, tant de Subiect que d'Attribué, si est‑ce que chacun d'iceux a son lieu naturel, & fuyuant la disposition naturelle il faut par necessité que l'un soit mis au bas, comme le fondement, à sçavoir le Subiect, & l'autre au dessus, qui sera l'Attribué). - 
B. 2. c. propositions réciproques loc. nom. «propositions telles que le sujet de l'une peut devenir l'attribut de l'autre et réciproquement » (grammaire, philosophie, logique). Attesté depuis 1678 (Bernier, Philosophie, volume 2, pages 61‑62, in Google, Recherche de Livres : Remarquez enfin, que lors qu'il y a deux Propositions, dont l'une est Affirmative, l'autre Negative, & qui ont le mesme Sujet, & le mesme Attribut, ces Propositions sont dites Opposées, Contraires, Contradictoires, Repugnantes ; soit que toutes les deux soient Generales, ou toutes les deux soient Particulieres, ou que l'une soit Generale, & l'autre Particuliere, comme lors que l'on dit, Tout homme est Animal, Nul homme n'est Animal […]. Mais quand elles sont toutes deux Affirmatives, ou toutes deux Negatives, & qu'il n'y a que changement alternatif de Sujet & d'Attribut, alors elles s'appellent Reciproques, comme lors qu'on dit, Tout homme est raisonnable, Tout raisonnable est homme). - 
B. 1. a./B. 3. a. proposition réciproque loc. nom. « proposition qui se déduit d'une proposition initale en permutant son hypothèse et sa conclusion » (philosophie, logique, mathématiques, géométrie). Attesté depuis 1800 (Lacroix, Algèbre, page 267, in Google, Recherche de Livres : Il suit de‑là que, dans l'équi‑différence, la somme des termes extrêmes égale celle des termes moyens, et que dans la proportion, le produit des termes extrêmes est égal à celui des termes moyens, ainsi qu'on l'a vu dans l'Arithmétique, par des raisonnements dont les équations ci‑dessus ne sont que la traduction […]. Les propositions réciproques des précédentes se démontrent facilement). - 
B. 1. b./B. 3. b. réciproque subst. fém. « proposition qui se déduit d'une proposition initale en permutant son hypothèse et sa conclusion » (philosophie, logique, mathématiques, géométrie). Attesté depuis 1782 (Bézout, Mathématiques, volume 2, page 51, in Google, Recherche de Livres : Car si l'angle ABC est plus grand que l'angle ACB, l'arc sera plus grand que l'arc AB, & par conséquent la corde AC plus grande que la corde AB. La réciproque se démontre de même). - 
B. 4. a. innervation réciproque loc. nom. fém. « contraction d'un groupe musculaire s'accompagnant d'un relâchement de l'autre » (médecine). Attesté depuis 1909 (Rev. gén. Sciences, volume 20, page 340, in Gallica : L'innervation réciproque des muscles antagonistes). - 
B. 4. b. rythme réciproque loc. nom. masc. « variété de troubles du rythme cardiaque » (médecine). Attesté depuis 1958 (Garnier, Médecine 16 : reciprocal rhythm ou réciproque [rythme] [P. D. White, 1921] [cardiologue]. Variété rare d'interférence dans laquelle l'excitation cardiaque, née dans le noeud auriculo‑ventriculaire, déclenche la contraction des ventricules, puis, par voie rétrograde, celle des oreillettes, et redescend ensuite des oreillettes dans les voies de conduction, provoquant une nouvelle systole ventriculaire). - 

Origine :
A. 1./B. 0./C. Transfert linguistique : emprunt au latin reciprocus adj. « qui revient au point de départ » (attesté depuis Varron, Forcellini, 4, 27), « échos » (attesté depuis Pline, Forcellini, 4, 27), « inverse » (attesté depuis Gellius, Forcellini, 4, 27). Le sens C. représente une évolution sémantique propre au français. Cf. von Wartburg in FEW 10, 149b/150a, reciprocus.
A. 2./A. 3. Formations françaises : transcatégorisation de l'adjectif réciproque* . Cf. ci‑dessus A./B. La substantivation du masculin est sortie d'usage (A. 2.).
B. 2. a. Transfert linguistique : calque du latin reciprocum pronomen loc. nom. « pronom réfléchi » (attesté depuis Priscian, Forcellini, 4, 27). Cf. Städtler, Grammatiksprache 276.
B. 2. b./B. 2. c./B. 1. a./B. 3. a. Formation française : composé du substantif terme*/proposition* et de l'adjectif réciproque*. Dés la Renaissance, réciproque a élargi son domaine d'emploi à la dialectique (B. 2. b.). Le sens B. 1. a./B. 3. a. est une spécialisation de B. 2. c.
B.1. b./B. 3. b. Formation française : ellipse de proposition réciproque (cf. ci‑dessus B. 1. a./B. 3. a.).
B. 4. a. Transfert linguistique : emprunt à l'anglais reciprocal innervation loc. nom. « disposition de la stimulation des nerfs ayant pour résultat la contraction d'un muscle ou d'un groupe de muscles produisant un mouvement accompagné par l'inhibition simultanée d'un muscle ou groupe de muscles opposés, dont la contraction a tendance à produire le mouvement opposé », (attesté depuis 1897, OED2). L'expression a été forgée par Charles Scott Sherrington [1857 – 1952], scientifique britannique connu pour ses travaux en physiologie et en neurosciences, consacrés essentiellement à l'analyse des propriétés fonctionnelles du système nerveux. À ajouter FEW 10, 149b, reciprocus.
B. 4. b. Transfert linguistique : emprunt à l'anglais reciprocal rhythm loc. nom. « variété de trouble du rythme cardiaque », expression introduite en 1921 par le cardiologue et physicien américain Paul Dudley White [1886 – 1973], (cf. Garnier, Médecine16 ; Ø OED2). C'est en 1920 que Harold Wolff, Paul Dudley White et Sir John Parkinson ont mis en évidence l'explication du phénomène de réentrée d'une forme de tachycardie connue sous le nom de syndrome de Wolff‑Parkinson‑White. À ajouter FEW 10, 149b, reciprocus.Entré au 14e siècle dans la langue générale au sens de « qui a lieu entre deux personnes, deux objets, deux phénomènes agissant l'un sur l'autre » (cf. A./B.), et emprunté au 15e siècle par les grammairiens (cf. B. 2. a.), le mot réciproque a développé par la suite des sens didactiques dans les langues techniques de la dialectique (cf. B. 2. b.), des mathématiques, de la géométrie, de la logique et de la philosophie (cf. B. 1. et B. 3.). Comme terme de médecine (cf. B. 4.), il a été emprunté au 20e siècle à l'anglais reciprocal.


Rédaction TLF 1990 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2009 : Aurélie Merlo.. - Relecture mise à jour 2009 : Nadine Steinfeld ; Gilles Roques ; Thomas Städtler ; Éva Buchi ; Yan Greub ; Esther Baiwir ; Marius Andronache.