RUSTRE, subst. et adj.
Étymol. et Hist. 1. xiies. subst. « homme grossier et brutal » (
Raoul de Presles ds
Delb. Notes mss); 1668 adj. « personne sans délicatesse, grossière » (
La Fontaine,
Fables, III, I, 34 ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. I, p. 201); 1751 « qui témoigne d'un manque de finesse, de courtoisie »
ton rustre (
Prévost,
Clar. Harlove, p. 177);
2. 1678 « habitant de la campagne, paysan » (
La Fontaine,
op. cit., VI, XIX, 10 ds
Œuvres, éd. cit., t. II, p. 64). Réfection d'apr. le lat.
rusticus, v.
rustique de l'a. fr.
ruiste, ruste;
ca 1120 « sauvage (d'un animal) »
bestes ruistes (
St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1062), « important (d'un conseil) » (
ibid., 41), 1
remoit.
xiies.
ruiste « grossier (d'une personne) » (
Psautier Cambridge, 36 ds T.-L.),
ca 1216
ruste «
id. » (
Guillaume Le Clerc,
Fergus, éd. W. Frescoln, 334); cette forme était un représentant mi-savant de
rusticus; au
xives. cet adj., au contact du mot lat., a repris la signification de celui-ci, d'où le sens 1. À côté de
rustre, ruste est att. jusqu'au
xviies. ainsi fin
xve-déb.
xvies. au sens de « homme grossier » (
Menot,
Sermons choisis, éd. J. Nève, p. 446) et fin
xves. au sens de « paysan » (
Jean Molinet,
Chron., éd. G. Doutrepont et O. Jodogne, t. I, p. 37).