RUSTIQUE, adj. et subst. masc.
Étymol. et Hist. I. Adj.
1. a) 1355 « qui appartient aux manières de vivre de la campagne; propre à la campagne »
ferremens rustiques (
Bersuire, f
o20 verso ds
Littré); 1549
Demydieux rustiques (
Du Bellay,
Vers lyriques, Ode X, 18 ds
Œuvres poétiques, éd. H. Chamard, t. 3, p. 41); 1561
maison rustique « ferme, maison de campagne » (
Fouill[
oux],
Vén., f. 121 ds
La Curne,
s.v. maison); 1572
id. « ensemble de tous les objets indispensables au cultivateur » (J.
Liebault,
L'Agriculture et Maison rustique de Charles Estienne ds
Cioranescu 16e, n
o13729); 1719
travaux rustiques (
Vertot,
Hist. Rev. rom.);
b) 1558 « qui vit à la campagne »
une rustique amie (
Du Bellay,
Les Regrets, éd. J. Jolliffe, 156, 3, p. 231);
c) fin
xvies. ling.
Rustique Roman (
Pasquier, 654 ds
IGLF: il estoit corrompu du vray Romain, je trouve un passage où on l'appelle
Rustique Roman);
2. a) 1355 « qui témoigne d'un manque de raffinement »
vers rustiques (
Bersuire, f
o93 verso ds
Littré);
b) 1507 « qui a le caractère des gens de la campagne » ici péj.
un villain rustique & rusage, Rude & chagrin (
Eloy d'Amerval,
Le liure de la deablerie, éd. Ch. Fr. Ward, 80a);
c) 1666 [éd.] « simple, sans détour »
je suis rustique & fier (
Boileau,
Satires, éd. A. Cahen, I, 50);
3. 1563 « objet d'art qui imite la nature » (B.
Palissy,
Architecture et ordonnance de la grotte rustique de Mgr le duc de Montmorency... ds
Cioranescu 16e, n
o16852);
a) 1676
bois rustique (
Félibien, p. 496: les Menuisiers qui travaillent le lacage, appellent bois
rustiques les bois de racine qu'ils emploient dans les ouvrages de rapport); en partic. 1842 « bois brut utilisé pour donner aux meubles une note campagnarde » (
Balzac,
A. Savarus, p. 31);
b) 1720 « façonné, construit, arrangé avec une simplicité propre à créer une ambiance campagnarde »
une habitation rustique (
Hamilton,
Quatre Facardin, p. 121);
cf. 1770
une lampe rustique (
Delille,
Trad. Géorgiques, p. 63); 1814
un banc rustique (
Jouy,
Hermite, t. 5, p. 256);
c) 1810 « (d'un mobilier) fabriqué artisanalement dans le style traditionnel d'une province »
pendule rustique (
Staël,
Allemagne, t. 3, p. 158);
4. a) 1567 maçonn. (J.
Martin,
Archit., p. 43 v
o: La massonnerie ... incertaine ou
rustique est celle qui se fait de pierres non taillées);
b) 1676 archit. (
Félibien);
5. a) 1771 bot. « (d'un arbre) qui vient sans culture » (
Trév.);
b) 1810 « qui ne craint pas les intempéries »
oiseau belliqueux et rustique (
Chateaubr.,
Martyrs, t. 2, p. 212);
cf. 1845
arbres ... plantes rustiques (
Besch.).
II. Subst.
1. a) ca 1500 « habitant de la campagne »
rustiques et paisans (
André de La Vigne,
Voyage de Charles VIII à Napples, p. 119 ds
La Curne);
cf. 1520 (
Belon,
Singul., III, 34 ds
Gdf. Compl.);
b) 1888 « personne simple, sans façon et même un peu fruste » (
Renan,
Drames philos., Append. Abbesse Jouarre, p. 617);
2. a) 1549 archit.
à la rustique « fait selon l'ordre rustique » (
Rabelais,
Sciomachie [III, 397] ds
Hug.);
b) 1904 « marteau de tailleur de pierres propre à rustiquer les pierres » (
Nouv. Lar. ill.). Empr. au lat. class.
rusticus adj. « relatif à la campagne, de la campagne » et subst. « campagnard » d'où « qui rappelle la campagne, simple, naïf; grossier, balourd »; il a donné antérieurement en a. fr.
ruiste (v.
rustre) qui, croisé avec
rusticus est à l'origine de l'hapax a. fr.
ru(i)stique,
xives. [ms.] (
Partonopeus de Blois, éd. J. Gildea, 1839, var. ms. G et P).