RUSE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1180 « détours du gibier dans sa fuite » (
Vie de St Gilles, 1601 ds T.-L.);
2. ca 1280 « tromperie, astuce, feinte » (
Merveilles Rigomer, 13390,
ibid.). Déverbal de l'a. fr.
reuser, ruser « repousser, faire pencher, faire repartir » (déb.
xiies.,
St Brendan, 1232 ds T.-L.) et « se retirer, reculer » (
Brut, éd. I. Arnold, 4281) issu du lat.
recusare « repousser, refuser » (v.
récuser étymol.), une infl. des formes du Nord de la France expliquant l'effacement du -c- dans le Sud (
cf. a. prov.
reüsar, raüsar, rahusar, v.
Levy Prov. t. 3 1915 et
G. Paris ds
Romania t. 1, pp. 233-234). Un étymon *
refusare (v.
refuser) (
A. Thomas, ibid., t. 39, p. 392;
Meyer-
Lübke 1913, § 122;
G. Tilander ds
St neophilol. t. 18, 1945-46, pp. 13-17) est moins satisfaisant du point de vue sém. et fait difficulté quant au traitement du -f- relativement aux hyp. proposées pour la formation de *
refusare (
P. Lebel ds
Mél. Dauzat (A.) 1951, p. 188;
cf. aussi l'a. prov.
rebuzar « décliner, empirer » et « marcher en arrière, reculer » (fig.)
Levy Prov. t. 3 1915),
FEW,
G. Paris, loc. cit. et
G. Tilander, loc. cit. rejetant l'hyp. d'un étymon *
retusare, dér. du rad. du supin du lat.
retundere « rabattre, émousser, repousser », proposée par
Gröber ds
Archiv. für lateinische Lexikographie, 5, 234 (
FEW t. 10, pp. 168-170).